Les médicaments et les personnes âgées : les risques de la surmédication
Trop de médicaments additionnés entre eux, cela peut être un danger ou un facteur de risque pour notre santé, surtout chez les personnes âgées. Les précisions de Géraldine Zamansky.
Comment éviter que les médicaments deviennent mauvais pour la santé des personnes âgées ? En mobilisant des experts hospitaliers autour de longues ordonnances accumulées au fil des années. Cela se passe dans les Hauts-de-France où est allée Géraldine Zamansky, journaliste au magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : Cela semble difficile à croire, mais les piluliers de nos grands-parents peuvent parfois les mettre en danger ?
Géraldine Zamansky : Exactement. Cela entraîne même des hospitalisations, à la suite d’une chute ou d’un moment de confusion brutale. Avant d’accuser le vieillissement avec fatalisme, il faut examiner le contenu de ce fameux pilulier, ou du tiroir à médicaments. Car le ou les coupables peuvent s’y trouver. Parfois à cause de leur cohabitation d’ailleurs.
Un problème peut ainsi survenir après l’ajout d’un nouveau traitement, ce qui aidera à y penser. Mais il arrive souvent que le dérèglement s’installe plus discrètement, jusqu’à l’accident. Surtout quand les ordonnances de plusieurs spécialistes s’additionnent par exemple.
Le médecin généraliste ne peut pas toujours repérer les éventuelles sources de danger ?
C’est parfois difficile à identifier. Et puis, même s’il le fait, et qu’il appelle le cardiologue par exemple, celui-ci ne voudra peut-être pas modifier sa prescription ! Alors des spécialistes, des gériatres et des pharmaciens des CHU de Lille et Amiens ont décidé de traquer ces risques médicamenteux chez les personnes âgées qui arrivent dans leurs services.
Leur expertise permet par exemple de démasquer un vieux traitement instauré des années plus tôt, dont il faut changer le dosage. À 80 ou 90 ans, l’organisme ne réagit plus de la même façon. Et l’avantage, c’est que les modifications peuvent être testées tout de suite pendant l’hospitalisation.
Mais, vous l’avez évoqué pour les cardiologues : est-ce que les médecins habituels des patients vont accepter cette remise en question ? Ce n’est pas évident ?
Vous avez mis le doigt sur un des grands freins à ces modifications. Souvent, les patients reviennent quelques semaines plus tard, ils sont encore tombés par exemple, parce que les anciennes ordonnances ont été reprises. C’est pour ça que ces équipes proposent une réunion avec le généraliste et le pharmacien en ville.
Les adaptations sont décryptées. Un médecin traitant m’a expliqué que ce dialogue changeait tout. Il a compris comment l’équipe avait pu réduire les traitements contre l’hypertension de sa patiente en la suivant en continu plusieurs jours, alors qu’il ne peut la voir qu’un moment pendant sa visite à domicile.
Du coup, il pourra la rassurer si elle s’inquiète d’avoir moins de comprimés tous les jours. Et entre deux consultations, lors du renouvellement de l’ordonnance, sa collègue pharmacienne, bien informée, aura aussi les moyens de répondre à toutes les questions !
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