Les bruits dangereux pour notre santé mentale et physique
Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5 se penche aujourd'hui sur une double actualité : les bruits dangereux pour notre santé physique et mentale.
franceinfo : D’abord, selon une étude britannique, une personne sur cinq serait littéralement en souffrance, à cause d’un voisin de table qui mastique son repas la bouche ouverte par exemple ?
Géraldine Zamansky : Oui, cette souffrance peut être aussi provoquée par l’aspiration bruyante d’une cuillère de soupe, une forte respiration ou le cliquetis d’un clavier d’ordinateur. Ces bruits énervent presque tout le monde. Mais Silia Vitoratou, du Kings’ College de Londres, m’a expliqué qu’ils créent chez certaines personnes une colère, un dégoût ou une anxiété. Avec parfois des réactions très brutales qu’elles regrettent ensuite. C’est à cause d’un trouble méconnu : la misophonie – la haine de certains sons.
Pour mieux cerner son importance, Silia Vitoratou et son équipe ont réalisé une enquête sur un échantillon représentatif de la population britannique. Résultat, une personne atteinte sur cinq. Et les plus touchées en viennent à s’isoler socialement, pour y échapper. Un retentissement aggravé par l’incompréhension. Elles se sentent coupables et assez seules au monde.
Cette enquête peut donc au moins leur permettre de ne plus se cacher en apprenant que ce n’est pas si rare ?
C’est l’espoir de Silia Vitoratou. Des participants diagnostiqués par l’étude n’avaient jamais entendu parler de misophonie, et encore moins de traitements possibles. Or, il existe par exemple des thérapies comportementales pour recréer très progressivement une tolérance à la source de la phobie. Des recherches sont aussi en cours, pour mieux comprendre les causes et les mécanismes de cette maladie. Ce qui permettra de trouver de nouvelles solutions.
Et une autre étude britannique montre que le bruit peut déclencher une maladie physique, l’hypertension ?
Absolument, le suivi de 240 00 personnes pendant 8 ans a montré qu’ils risquaient davantage de développer une hypertension artérielle, s’ils habitaient à proximité d’un important trafic routier. Le Pr Kazem Rahimi, de l’Université d’Oxford, a coordonné cette étude, et m’a expliqué que le risque augmente ainsi de 13% quand le niveau sonore de la circulation passe de l’équivalent d’un restaurant calme, à celui d’un aspirateur.
Cela serait lié aux hormones du stress dont la production est stimulée par le bruit. Et c’est aggravé par la pollution, qui fait alors grimper la menace à 22%. Le Pr Rahimi et son équipe soulignent donc l’urgence de mieux protéger ceux qui subissent ces nuisances sonores parfois jour et nuit.
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