Éviter la radiothérapie quand le cancer du sein est très localisé

C'est une publication dans "The Lancet" toute récente : faire une IRM pré-opératoire, pour identifier des lésions "cachées", et en leur absence, être sûr que la tumeur est parfaitement localisée, permet d'éviter la radiothérapie postopératoire, sans augmenter les risques de récidive pour des cancers peu agressifs.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une recherche prometteuse pour les cancers du sein diagnostiqués à un stade très précoce. Une équipe australienne a proposé à 201 femmes d’éviter l'étape de la radiothérapie.Au bout de cinq ans, le taux de récidive était seulement de 1%. (Illustration) (MUSMUS CULUS / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Aujourd'hui, Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, nous parle d'une recherche étonnante contre le cancer, qui a testé la suppression d’un traitement. Les résultats des chercheurs viennent de paraître dans The Lancet.

franceinfo : C’est sérieux ? Une équipe australienne a évalué la prise en charge de certains "petits" cancers sans radiothérapie ? 

Géraldine Zamansky : C’est extrêmement sérieux. Leurs résultats publiés dans la prestigieuse revue The Lancet ont même été salués par l’éditorial. Car nous sommes, ici, au cœur d’une des pistes méconnues de la recherche contre le cancer : la "désescalade". C’est-à-dire que pour vaincre cette maladie, les médecins ont d’abord additionné le plus d’armes possibles, avec des traitements souvent difficiles à supporter. Désormais, il est possible de savoir si un cancer est plus ou moins menaçant, et d’adapter l’arsenal mobilisé.  

C’est donc face à des cancers identifiés comme peu dangereux, que ces médecins australiens ont osé supprimer la radiothérapie ? 
 
Exactement. Précisons bien qu’il ne s’agissait que de cancers diagnostiqués à un stade très précoce. D’habitude, la chirurgie est alors complétée par une radiothérapie, pour détruire d’éventuelles cellules invisibles, qui seraient disséminées dans le sein.

L’équipe australienne a proposé à 201 femmes d’éviter cette étape, selon des critères de sélection extrêmement stricts. En très simplifié, il fallait que leur tumeur soit unique – avec un contrôle par IRM –de petite taille (moins de 2 cm) et peu agressive. (Surtout pas un cancer du sein appelé "triples négatifs", dont vous avez peut-être entendu parler). 

Et le risque était vraiment maîtrisé ? Il n’y a pas eu plus de récidives qu’avec la radiothérapie ?  

Au bout de cinq ans, le taux de récidive était seulement de 1%. C’est-à-dire inférieur à celui du groupe avec radiothérapie, 1,7% mais qui était, par définition, plus à risque.

Ce bon résultat confirme des études précédentes, selon le Dr Guillaume Louvel, radiothérapeute au grand centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy, en région parisienne. Il participe d’ailleurs lui-même à un essai où, selon d’autres critères de sélection, certaines patientes n’ont pas besoin de son traitement par irradiation.  

Vraiment, en France aussi la "désescalade" est en route ?   

Tout à fait. L’espoir, comme me l’a expliqué le Dr Louvel, c’est de multiplier ce type de recherches. Et pouvoir bientôt, je cite, "proposer sereinement" à un groupe de patientes bien identifiées, d’éviter la radiothérapie et ses effets secondaires. En gardant une sécurité maximale face au cancer.

Et il m’a raconté qu’aujourd’hui, certaines patientes préfèrent cette sécurité, et refusent de participer à l’étude sans radiothérapie. Il faut dire que ce traitement s’est amélioré ces dernières années, en diminuant ses risques de toxicité. Oui, heureusement, il y a beaucoup de progrès dans la lutte contre le cancer ! 
 
L’étude  

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