De la difficulté à bien suivre une posologie exacte
Comment bien doser une cuillère de sirop ou comment couper parfaitement un comprimé en deux ? Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, apporte des éléments de réponse.
franceinfo : La revue médicale indépendante Prescrire pointe ce mois-ci les défauts de nombreux médicaments. Qu'en est-il ?
En effet, la qualité d’un médicament ne dépend pas seulement de la molécule qu'il contient. Si sa forme et/ou son emballage sont mal conçus, il peut perdre en efficacité et en sécurité. Parmi les grands classiques, la cuillère de sirop. Celle qui est fournie avec le flacon ne permet pas toujours un dosage bien précis. C'est pour alerter sur ce type de problèmes que la revue indépendante Prescrire fait chaque année un classement du conditionnement des médicaments. Avec pour 2023 encore 39 cartons rouges et seulement 2 "palmes" de félicitations.
Les cartons rouges signalent-ils de vrais dangers ?
Oui. Des dangers aussi réels que variés, comme l'explique Florence Chapelle, responsable de la rédaction de Prescrire. Pour certains, c’est à cause d’un bouchon facile à ouvrir par un enfant surtout lorsqu’il peut avoir envie d’en prendre seul parce que c’est "son" sirop contre la toux, mais avec un risque d’intoxication ! Autre problème : la faible lisibilité des molécules présentes dans le médicament sur sa boîte, sachant que tout le monde ne lit pas la notice. C’est le cas pour un produit célèbre contre le rhume contenant pourtant de la pseudo-éphédrine dont les autorités sanitaires viennent de déconseiller l’usage à cause de cas d’AVC ou d’infarctus. Attention aussi à l’absence du logo d’alerte des femmes enceintes sur la boîte d’un traitement des troubles de l’attention de plus en plus prescrit à des adultes. Au début de la grossesse, il peut entraîner des malformations cardiaques.
Vous l'avez dit, il y a aussi des récompenses ?
Oui ! Je vais me concentrer sur celle qui salue les progrès d’un spray nasal contre les pics de douleurs de patients atteints de cancer. Avant, souligne Florence Chapelle, aucun dispositif ne limitait les quantités prises, alors que ce médicament contient du fentanyl, de la célèbre famille des opioïdes responsable de graves addictions. Son surdosage peut être grave, voire mortel. Le laboratoire a intégré à son flacon un système électronique qui empêche de dépasser 2 pulvérisations rapprochées, et le spray reste ensuite bloqué durant 2 heures. Une vraie sécurisation pour des patients dont le niveau de douleur réduit parfois la capacité à se protéger d’un excès.
Pour aller plus loin : tous les résultats sur Prescrire.
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