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Cancer du sein : des chercheurs découvrent que les cellules malignes se développent surtout la nuit

Pour augmenter ses chances face au cancer, on sait déjà qu’il faut le dépister le plus tôt possible. Mais surtout il faudrait aussi le traiter à des horaires particuliers, notamment la nuit. Une découverte suisse publiée dans la revue "Nature".

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une scientifique étudie un échantillon de tumeur du sein. (Illustration)  (NICOLA TREE / STONE RF / GETTY IMAGES)

Les cellules cancéreuses dans le sein se développeraient surtout pendant le sommeil nocturne et se propageraient dans l'organisme endormi. Une découverte scientifique majeure des chercheurs de l’hôpital universitaire de Bâle en Suisse, qui permettrait d'orienter les traitements durant cette période nocturne. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Une équipe suisse a découvert que le cancer du sein se propagerait surtout la nuit et qu’il faudrait donc surtout le freiner à ce moment-là ? 

Géraldine Zamansky : Exactement. Tout est parti de patientes atteintes de cancers du sein qui ont accepté qu’on leur fasse une prise de sang à 4h du matin, en pleine nuit, pendant que leur organisme était au repos, et une autre à 10h, en phase d’activité. Et les chercheurs ont découvert que leur cancer, lui, ne se reposait pas du tout la nuit, au contraire.

Ils ont en effet trouvé une très grande quantité de cellules cancéreuses dans les prélèvements réalisés à 4h du matin. Nous sommes ici au cœur de la diffusion d’un cancer, à partir d’une tumeur. Certaines cellules anormales peuvent partir dans la circulation sanguine et aller former des métastases. On les appelle les cellules tumorales circulantes. Et bien il y en avait 4 fois plus en pleine nuit, et avec des caractéristiques bien plus dangereuses que dans la journée. 

Ces chercheurs peuvent compter et mesurer la dangerosité de ces cellules cancéreuses ? 

Oui, ils sont capables d’étudier les gènes de ces cellules tumorales. Et ils ont trouvé que les cellules noctambules sont génétiquement très fortes pour créer des métastases. Alors que celles de la journée sont presque nulles dans ce domaine.

Pour stopper la diffusion du cancer du sein dans le corps, il faudrait donc mener la bataille de nuit. Telle est l'une des pistes ouvertes par cette découverte suisse publiée dans la grande revue scientifique Nature. C’est ce que m’a expliqué avec enthousiasme le Dr Sylvie Giacchetti, cancérologue à l’Hôpital Saint-Louis à Paris. Elle fait en effet partie des rares pionniers de la chronothérapie des cancers. Ils ont déjà commencé à chercher des horaires de traitements qui améliorent leur efficacité et limitent les effets secondaires.  

Alors les travaux de l’équipe suisse pourraient conduire à changer le moment d’une chimiothérapie par exemple ? 

Oui exactement, et pour une chimiothérapie, c’est déjà possible avec des pompes qui injectent le traitement de nuit. Mais attention, le Dr Giacchetti m’a précisé que tous les cancers n’avaient sans doute pas cette propagation nocturne observée à partir de tumeurs du sein. Il pourrait même y avoir des variations d’un patient à l’autre.

Alors l’idéal serait peut-être d’identifier pour chacun le pic d’activité de ses cellules cancéreuses et d’adapter le rythme du traitement. Comme ça, on enverrait le maximum de soldats dans la bataille au moment le plus stratégique. Avec plus de chance de succès, et donc, plus de vies sauvées. 

>>> L’étude

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