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Le glyphosate : cas d’école d’une Europe en panne !

Les états membres n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord. La commission européenne doit prendre une décision lundi sur la ré-homologation du désherbant le plus vendu au monde.
Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Barils de glyphosate © Kim Steele / GettyImages)

 Le glyphosate est un cas d'école pour voir pourquoi l'Europe est devenu incompréhensible pour les citoyens. Aujourd'hui, dans un camp comme dans l'autre on fait la comparaison avec le Brexit. On voit que le vote pour la sortie de l’Union européenne en Grande Bretagne est venu majoritairement des classes populaires et des campagnes, où l’on ne comprend plus les décisions de Bruxelles.

Est-ce de la faute de l’Europe ou des états membres si on en arrive à cette situation ?

On peut aussi se poser la question en ce qui concerne le glyphosate, alors que nous en sommes à la quatrième réunion entre les États membres. Hier, il n'y a toujours pas eu de majorité qualifiée pour décider ou pas de le ré-homologuer alors que son autorisation arrive à échéance le 30 juin. La France et Malte ont voté contre, et 7 pays se sont abstenus dont l'Allemagne.

Du coup, la Commission doit annoncer lundi ce qu'elle compte faire. Sans doute, elle va ré-autoriser pour 12 ou 18 mois le glyphosate en attendant un avis de l'agence européenne des produits chimiques. Les défenseurs de l'environnement  ne manqueront pas de dénoncer une position guidée par les lobbys industriels. Même le gouvernement français pourra dire que c'est Bruxelles qui lui impose ce choix. Ce sera plus difficile pour la France d’interdire le glyphosate et les industriels ne manqueront pas de l'attaquer en disant qu'elle enfreint les règles européennes, comme pour les OGM.

Et si la commission interdit le glyphosate...

Elle prendrait alors une décision inverse à ce que sa propre agence lui a dit. Tout le débat sur le glyphosate vient du fait que l'agence sanitaire européenne, l'EFSA a donné son feu vert estimant que la substance ne posait pas de problème, alors que l'OMS, à travers son centre international de recherche sur le cancer, l'a classé comme cancérigène probable. 

Si la commission estime que l'absence de décision des états membres revient à ne pas homologuer la substance, cela provoquerait un tollé dans les campagnes chez les agriculteurs qui utilisent toujours du glyphosate.

Les principaux syndicats agricoles, notamment français, dénonceraient une nouvelle contrainte européenne pour le monde rural.

Si Bruxelles veut redorer son blason, il faudrait peut-être annoncer une réforme de son agence sanitaire pour éviter les conflits d'intérêt comme cela lui a déjà été demandé plusieurs fois.

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