Cet article date de plus de sept ans.

C'est ma planète. Frénésie de décrets dernière minute, signés Ségolène Royal

Ségolène Royal a fait une floppée de cadeaux aux écologistes de tous poils, en signant plusieurs décrets, avant son départ du ministère de l’Environnement. On remarque une frénésie de décrets ces dernières semaines.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, de l'Énergie et de la Mer, le 12 avril 2017 à l'Élysée. (GABRIEL BOUYS / AFP)

Si les fonctionnaires du ministère de l’Environnement, de l'Énergie et de la Mer pensaient être en vacances avant l’arrivée de leur nouveau ministre, c'est raté. Ségolène Royal les a fait plancher sur la rédaction de dizaines de décrets des lois de transition énergétique et de biodiversité avant son départ.

Les delphinariums dans le collimateur

C'est le cas de cet arrêté, signé mercredi 3 mai, pour améliorer les conditions de captivités des cétacés dans les delphinariums. Ces derniers doivent augmenter de 150% la taille des bassins, interdire le chlore et interdire le contact direct avec le public. Pourtant, nager avec des dauphins est une attraction qui rapporte beaucoup d’argent à ces centres aquatiques.

Sans fermer ces parcs, cette mesure pourrait rendre les travaux si coûteux qu’ils mettront d’eux-mêmes la clé sous la porte. C'est en tous cas ce qui s'est passé en Grande-Bretagne et ce qu'espèrent leurs détracteurs. Cette mesure était très attendue par certaines associations de défense des animaux, comme la Fondation Brigitte Bardot et le collectif C'est assez. En revanche, d’autres associations la jugeaient moins prioritaire face à la situation de la biodiversité sauvage. Une étude américaine vient justement de montrer que les dauphins en mer sont plus exposés aux polluants et plus souvent malades que ceux qui vivent en captivité.

Bouteilles de lait : un malus in extremis

La ministre tranche aussi avant son départ. Par exemple, sur le nouveau plastique de certaines bouteilles de lait qui ne se recycle pas bien. Pourtant, il était poussé par Eco emballages et la filière des emballeurs qui y voient une innovation prometteuse. Mais l’association Zero waste et les collectivités qui gèrent nos plastiques voient d'un mauvais œil ce nouveau plastique qui envahit le marché alors que les chaînes de tri en aval ne sont pas adaptées.

In extremis, la ministre donne raison aux associations en mettant un malus sur ce nouveau plastique pour qu’il perde son avantage économique. En revanche, les ONG attendent aussi des mesures pour mieux contrôler les émissions de voitures mais aussi sur les phtalates et les nanomatériaux. Difficile encore pour le ministère de sortir les décrets à temps.

La transition énergétique, stop ou encore ?

La baisse de la part du nucléaire à 50% et la division par deux de notre facture énergétique sont les deux grands objectifs de la loi. Ils sont sans doute les plus difficiles à tenir. On voit déjà que Marine Le Pen n’a pas l’intention de les respecter et qu’Emmanuel Macron n’est plus très sûr que le calendrier soit tenable. Mais dans cette loi-boîte à outils, le ministère fait passer aujourd'hui des applications. Il vient de doubler les objectifs des certificats d’économie d’énergie, il facilite aussi l’autoconsommation pour les producteurs d’électricité solaire.

Des détails qui font avancer la transition énergétique. Mais rien ne garantit que le prochain président les appliquera ou qu'il ne reviendra pas en arrière. Pire, il pourrait remettre les questions d’énergie et de transports totalement dans les mains du ministère de l’Économie. Cela renverrait ainsi l’environnement à ce qu’il représentait en politique il y a 25 ans : un ministère du "lâcher d’ours". Si cela arrive, on espère que les associations de tous poils dénonceront ce retour en arrière.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.