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Bure dans la Meuse : l'autre ZAD ?

Une trentaine d'occupants se sont installés en forêt de Mandres-en-Barrois près de village de Bure, dans la Meuse, où il est prévu d'enfouir nos déchets nucléaires les plus dangereux d'ici 2025.
Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Reuters)

Ces occupants sont sous le coup d'un arrêté d'expulsion. L'agence de gestion des déchets nucléaires, propriétaire des lieux, ne veut pas les laisser s'installer et se retrouver avec le même problème qu'à Notre-Dame-des-Landes.  

C'est une bataille qui date de plus de 20 ans

Depuis que l’État a désigné cette zone, à cheval sur les départements de la Meuse et de la Haute-Marne comme le lieu propice pour en faire la destination finale de nos déchets nucléaires les plus dangereux. Ceux qui sont en train de refroidir dans les piscines de l'usine de la Hague et qui sortent des cœurs des réacteurs de nos 19 centrales.

Le projet est de les enfouir à près de 500 mètres sous terre dans une installation industrielle pour contenir leur radioactivité pendant des milliers d'années, le temps qu'elle décroisse avant de revenir en surface. Sauf qu'une poignée d'habitants, d'agriculteurs et aujourd'hui de militants écologistes n'en veulent pas, dans ce territoire rural dépourvu d'industries nucléaires.

De la maison de la résistance à la ZAD (zone à défendre)

Depuis 2004, une maison de la résistance s'était installée dans Bure. Il y a un an, des campeurs occupent des terrains d'opposants au projet et depuis un mois, une trentaine d'entre eux se sont installés sur cette forêt où l'Andra, l'agence de gestion des déchets radioactifs avait lancé des travaux notamment de déboisement.

Leur camp s'appelle le camp VMC en hommage à Vladimir Martynenko : l'agent d'entretien qui a laissé une déneigeuse au bout de la piste du Falcon de Christophe de Margerie, l'ancien patron de Total mort accidentellement en 2014.

Les opposants ne disent pas "se réjouir de la mort d'un homme mais ils sont davantage préoccupés du sort injuste d’un homme du peuple que du décès malencontreux de l’un de ceux qui, par leur emprise sur le monde, précipitent chaque jour un peu plus notre planète vers la catastrophe " dixit leur site internet.

Un hommage qui n'est pas vraiment du goût de l'Andra. Même si les opposants historiques de la région comme le collectif Bure Stop ou le réseau Sortir du nucléaire estiment qu'il ne s'agit pas d'une ZAD comme à Notre-Dame-des-Landes, mais d'une lutte en accord avec les agriculteurs et les habitants des villages concernés, certains militants iront au rassemblement des 9 et 10 juillet à Notre-Dame-des-Landes pour expliquer leur combat.

Le projet Cigéo avance

Il reste des étapes, mais petit à petit, le projet a fait son chemin. Depuis l'autorisation d'un laboratoire sur place il y a près de 20 ans, et avec une proposition de loi pour lancer une phase pilote du site qui doit passer à l'Assemblée Nationale dans deux semaines.

Il faudra surtout une demande d'autorisation et de création validée par l’État en 2018, si le site veut entrer en service d'ici 2025.

Mais d'ici là, on voit petit à petit aussi que la résistance s'organise et elle ne manquera pas d'occuper le terrain.

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