C'est dans ma tête. Les lycéens américains contre les armes
Des manifestations de lycéens ont lieu ce samedi 24 mars, à Washington et dans plusieurs villes des USA, à l’initiative des lycéens survivants de la tuerie de Parkland en Floride, qui avait fait 17 morts le 14 février dernier.
Les jeunes lycéens de Parkland en Floride, dont 17 de leurs camarades ont été tués le 14 février lors d'une fusillade au sein de leur établissement, le lycée Marjory Stoneman Douglas, manifestent aujourd'hui samedi 24 mars pour sensibiliser l'opinion américaine et les pouvoirs publics sur la question du contrôle des armes à feu et de la sécurité dans les établissement scolaires. La psychanalyste Claude Halmos revient sur cette mobilisation de ces adolescents dans cette grande marche dans les rues de Washington DC, appelée "Une Marche pour nos vies"
Comment expliquer que des lycéens, des adolescents, soient à l’origine de telles manifestations ?
C’est une question qui devrait avoir une résonnance particulière en France, où l’on célèbre actuellement les 50 ans de Mai 68. Parce que, en 1968, des lycéens, des étudiants, des jeunes ont eux aussi joué un rôle très important dans le mouvement.
Vous pensez que l’on peut comparer les deux situations ?
Le contexte est évidemment, dans les deux cas, très différent. Mais ces deux situations ont des points communs : la prise de conscience, par exemple, par de très jeunes gens, de problèmes dont les plus âgés ne voient pas – ou ne veulent pas voir – l’importance ; leur refus de se conformer à la norme, de se soumettre. Et leur volonté de vivre dans un monde qui ait du sens, avec des adultes qui soient conscients de leurs responsabilités.
En 1968 les jeunes voulaient, de la même façon, que les adultes cessent d’utiliser leur pouvoir pour leur imposer des choses qui n’avaient pas de sens et qui les empêchaient de vivre. Ils refusaient l’autoritarisme et la répression sous toutes ses formes. Et ils réclamaient le droit à la parole.
Vous pensez que les lycéens de Washington sont dans la même démarche ?
Ils réclament – et ils le disent - un monde normal. Un monde où ils puissent vivre sans risquer d’être, un beau matin, abattus comme du gibier, par un déséquilibré. Un déséquilibré qui aura pu s’acheter une arme de guerre, aussi facilement qu’il se serait acheté un portable, parce que les ventes d’armes rapportent beaucoup d’argent à des lobbies prêts à tout – et surtout au pire – pour en gagner. Et je trouve rassurant que ces lycéens soient capables de prendre, de cette façon, leur destin en mains, d’en appeler à la loi et de demander aux adultes de tenir leur place et de les protéger.
Cela vous semble rassurant, pourquoi ?
L’adolescence - et cette fameuse "crise d’adolescence" dont les adultes n’entendent pas toujours l’importance - est le moment où un être humain doit rejeter les influences qu’il a subies jusque-là, et se faire naître lui-même, une seconde fois, en trouvant sa propre façon de penser. Et c’est essentiel parce que c’est de cette façon que le monde avance.
Les lycéens américains démontrent, avec lucidité et courage, leur refus de l’arbitraire et du vieux monde. Et ils le font comme d’autres générations de jeunes l’ont fait avant eux, à d’autres époques : ceux qui, lors de la dernière guerre, sont devenus résistants par exemple. Et je pense qu’il faudrait que, en France, les enseignants, dans les écoles et les lycées, parlent de ces manifestations à leurs élèves, dont certains peuvent être fascinés par le maniement des armes. Parce que ces lycéens sont un exemple, et un exemple particulièrement positif.
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