C'est comment ailleurs ? Les grèves au Japon
Alors que de nouvelles manifestations étaient organisées aujourd’hui contre la loi travail, comment se passent les grèves au Japon, où le travail est sacré.
Le Japon est le pays où le gouvernement veut forcer les salariés à prendre des congés ! Au moins cinq jours par an. Car plus de la moitié des Japonais ne prennent pas les 20 jours de congés auxquels ils ont droit. Cela donne une idée de leur propension à faire grève…
Grèves extrêmement rares
En 2010, il n'y a eu que 38 grèves au Japon avec 2.500 grévistes. Et quand ils sont mécontents, les salariés préfèrent porter un brassard en travaillant et éviter ainsi de chômer.
Des grèves dans un le passé lointain
Cela n’a pas toujours été ainsi. Il y a même eu de grosses grèves dans l'immédiat après-guerre quand le Japon était en ruine. Un million de personnes sont descendues dans la rue dans tout le pays en 1946 à l'appel du parti communiste japonais. A l'époque un Japonais sur deux était syndiqué, contre 17% maintenant. Ensuite, les grèves ont vu leur nombre diminuer sans cesse.
Concertation sociale, patriotisme, faible chômage
Cette faible mobilisation s’explique de trois manières. D’abord, les grosses entreprises ont souvent leur syndicat-maison qui discute en permanence avec les dirigeants. On est donc plus dans la concertation que dans la confrontation.
Ensuite, il y a un patriotisme économique qui s'accorde mal avec la grève. Le patriotisme pour la survie de la nation japonaise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et le patriotisme des années 70 quand le Japon visait la deuxième place économique mondiale.
Enfin, il y a le taux de chômage faible (3% de la population active) qui ne pousse pas les salariés dans la rue.
Précarité et faible conscience sociale
S'ils ne font pas grève, ce n’est pas forcément parce que les Japonais sont contents de leur sort.
Il faut rappeler que depuis 20 ans, le Japon ne parvient pas à sortir de la déflation et d'une croissance quasi-nulle. Les jobs précaires et moins bien payés se sont développés.
Ceux qui les occupent peuvent faire difficilement faire grève. Ils sont plutôt résignés et la grève leur apparait comme anachronique. Quant à leurs ainés, ils ne font pas grève facilement car c'est mal vu depuis des dizaines d’années.
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