C'est comment ailleurs ? La transparence de la vie politique en Norvège
Alors que l’ancienne ministre Yamina Benguigui a été condamnée pour une déclaration de patrimoine incomplète, quelle est le niveau de transparence en Norvège, un des pays les plus exigeants ?
En Norvège, on tutoie les ministres et les députés car on tutoie presque tout le monde. On sait combien les hommes politiques paient d'impôts, car on peut connaitre celui de son voisin et même ses revenus.
En Norvège, avec une culture protestante, les rapports à l'argent sont différents. Beaucoup de rigueur dans la gestion des deniers publics et parallèlement très peu de dissimulation.
Les revenus et les impôts visibles sur le net
La transparence de la vie politique norvégienne est le reflet de la transparence au sein de la société sur ce qui concerne l'argent.
Les citoyens peuvent savoir combien gagnent leurs voisins et combien ils paient d'impôts. Ils peuvent le faire en quelques clics. Car quand les Norvégiens remplissent une fois l’an leurs déclarations d'impôt, elles deviennent immédiatement accessibles à tous. Précisons toutefois que quand un citoyen regarde la déclaration de quelqu'un, cette personne est immédiatement prévenue par mail.
Cette pratique de la transparence sur les impôts et les revenus ne date pas d'internet. Elle date du vote de la constitution de la Norvège en 1814. Il y a plus de 200 ans !
Ministres sous surveillance
Les ministres doivent faire attention. Ils mangent à la cantine du ministère quand ils ne sont pas en déplacement. Et lorsqu’ils bougent, il n’existe pas de voiture de fonction personnelle. Il faut prendre autant que possible les transports les moins chers, notamment les transports en commun.
Lors d'une mission, le ministre bénéficie d’un forfait de quelques dizaines d'euros pour manger. S'il a d'autres dépenses, il avance l’argent et se fait rembourser sur facture.
Les taxis d’Eva Joly
Les notes de taxis sont particulièrement scrutées. Eva Joly qui est née en Norvège en sait quelque chose. Il y a une quinzaine d'années, après l'affaire Elf, la magistrate a quitté la France pour devenir conseillère du gouvernement norvégien sur tout ce qui concernait la corruption.
Quand elle rentrait d'une mission à l'étranger, elle prenait un taxi et se faisait rembourser par le gouvernement. Cela n'a pas duré car la presse populaire lui est tombée dessus rapidement en disant qu'elle vivait sur le dos de l'Etat. Depuis, Eva Joly ne fait plus de note de taxis et elle trouve ça tout à fait normal avec le recul.
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