C'est comment ailleurs ? La lutte contre les déserts médicaux en Allemagne
Alors que la France veut lutter contre les déserts médicaux, l’Allemagne a pris des mesures qui concernent notamment la liberté d’installation des médecins
Si la nouvelle loi santé a pour objectif de donner un meilleur accès aux soins dans toute la France, en Allemagne plusieurs solutions ont été mises en œuvre. En premier lieu, une meilleure répartition des praticiens sur le territoire.
Liberté d’installation sous contrôle
En Allemagne, les médecins sont théoriquement libres de s'installer où ils veulent, mais c'est une liberté sous contrôle parce qu’il existe dans ce pays le "Bedarfsplan", un dispositif de régulation des installations.
Les praticiens ne sont conventionnés auprès de la sécurité sociale que dans les zones où le nombre de médecins par habitant est inférieur à un seul fixé par les autorités. Concrètement, l'installation est impossible dans les zones où la densité médicale est supérieure de 10% à la moyenne nationale. Tout cela se décide au niveau local en tenant compte des spécialités médicales.
Quelques ajustements
Pour les médecins déjà installés dans une zone surpeuplée, ils ne sont pas délogés à cause du "Bedarfsplan" ; ils gardent leur conventionnement. Seules les nouvelles installations de médecins sont concernées.
Par ailleurs, le "Bedarfsplan" a été affiné ces dernières années. Pour autoriser les installations, les autorités regardent également l’âge des populations de la zone concernée. S'il y beaucoup de personnes âgées dans un secteur, cela change la donne ; le secteur a besoin de plus de médecins. Quoi qu’il en soit, le "Bedarfsplan" a permis en quelques années d'augmenter la densité de médecins dans les campagnes allemandes.
Des carottes pour appâter les médecins
L’argent est aussi un moyen de redessiner la carte des déserts médicaux. C’est le cas dans le land de Hesse, qui comporte des campagnes avec une population vieillissante. Dans cette région, les autorités peuvent accorder à un médecin jusqu'à 66 000 euros sur cinq ans pour encourager son installation dans un désert médical. Dans ces secteurs, les médecins qui repoussent leur départ à la retraite peuvent aussi toucher 2 000 euros par trimestre.
Le médecin en bus
Malgré tout, le land de Hesse manque encore de praticiens à la campagne. La fédération régionale des médecins a donc lancé le Medibus, un bus médical, qui sillonne la campagne comme un boulanger itinérant.
Dans le bus se trouve un cabinet médical complet. Le médecin à bord ne chôme pas puisqu’il reçoit en moyenne 35 patients par jour, dont 70% ont plus de 55 ans et 30% plus de 76 ans. Pour ceux qui ne peuvent plus se déplacer, le Médibus est devenu LA solution.
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