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C'est comment ailleurs ? L'hôpital public en Grande Bretagne

Alors que les infirmières étaient en grève pour dénoncer leurs conditions de travail à l'hôpital, comment fonctionne la santé publique en Grande Bretagne, où l’argent manque cruellement.

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une manifestation des internes des hôpitaux britanniques en février 2016.  (? TOBY MELVILLE / REUTERS / X90004)

En Grande-Bretagne, le service public de santé s'appelle le National Health Service (NHS). Créé après-guerre, il a été un des piliers principaux de l'Etat providence britannique, le "welfare state".

Le NHS est gratuit, mais il souffre de sous-financement depuis plus de 30 ans. Résultat, il est moins efficace, moins généreux et souvent en crise.

Les internes en grève

L’illustration la plus récente de ce malaise a été la grève des internes au printemps 2016, une première dans l'histoire du NHS. Les internes qu'on appelle les "junior doctors" se sont mis en grève pendant six jours, y compris aux urgences.

Les 53.000 internes étaient mécontents car le gouvernement conservateur voulait leur imposer de nouveaux contrats avec plus d'heures de travail le weekend à un tarif moins élevé.  

Les conservateurs, bête noire du NHS

Cela a commencé avec Margaret Thatcher au début des années 80. Face au vieillissement de la population, le NHS était en déficit. La Dame de fer a alors infligé un régime de cheval à l'hôpital public, considéré comme mal organisé et trop dépensier.

Au programme, plans d'économies, rationalisations et  concurrence entre services. Les hôpitaux ont donc réduit leur activité de manière drastique et la demande des patients est passée loin derrière les considérations budgétaires. 

Listes d'attentes à l'hôpital

Dans les années 90, 1,3 million de Britanniques étaient sur liste d'attente et parfois sur une durée de plus de deux ans. Il y avait aussi des restrictions sur les traitements, des consultations bâclées et des milliers d'erreurs médicales.

Le NHS s'est délabré au profit d'assurances et de cliniques privées avec des files d'attentes beaucoup plus courtes mais des factures beaucoup plus longues. Une radio peut coûter  l’équivalent de 300 euros en Grande Bretagne.

Les travaillistes au secours du NHS  

A partir de 1997, les travaillistes de Tony Blair ont injecté beaucoup d'argent dans l'hôpital britannique. Un observatoire des listes d'attente a même été créé pour les raccourcir. Mais face aux coûts élevés de l'hôpital, les conservateurs de retour au pouvoir ont à nouveau serré la ceinture de l'hôpital. 

Le malaise continue

Aujourd’hui, les internes sont en colère car très mal payés, tout comme les infirmières qui ont fait grève en 2014 pour la première fois depuis plus de 30 ans.

L’hôpital manque de lits, les consultations express continuent et les délais pour un rendez-vous ou une opération restent bien plus élevés qu'en France. Si le patient veut changer de centre de santé public pour aller plus vite, il faut déménager ou aller dans le privé.

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