Tinder, jugée trop addictive, est poursuivie en justice par six Américains

Ils ont déposé leur plainte contre le groupe Match, qui détient plusieurs applications de rencontres, symboliquement, le jour de la Saint-Valentin, à San Francisco.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Match, la maison mère de Tinder, est poursuivie en justice par six Américains. Photo d'illustration. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

L’application Hinge, filiale de Match comme Tinder, a pour slogan : "trouvez l’amour, effacez Hinge". Mais la poursuite, engagée le 14 février, suggère qu’il s’agit en réalité de publicité mensongère et qu’au contraire, ces applications de rencontre sont conçues pour vous inciter à y rester, surtout pas les effacer de votre téléphone, parce qu’elles privilégient les profits de l’entreprise au bien-être de ceux qui sont inscrits sur Tinder et les autres. Tout est fait, explique la plainte, pour "éroder la capacité de l’utilisateur à décrocher".

Tel un casino, Match emploierait des techniques de jeu et des algorithmes qui transforment l’utilisateur en parieur et générerait de la dopamine. Ce qui signifie qu’il cherche constamment une sorte de satisfaction psychologique. En conséquence, consulter ces plateformes deviendrait un besoin compulsif. Au Royaume-Uni, les Milléniaux, qui regroupent l'ensemble des personnes nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990, passeraient en moyenne 85 minutes par jour pour les hommes et 79 minutes pour les femmes sur un site de rencontre.

"Ridicule", "zéro mérite", a réagi Match dans un communiqué de presse. "Notre business model ne s’appuie pas sur la publicité ou des statistiques d’engagement. Nous voulons aider activement les gens à trouver des rendez-vous tous les jours, sur nos applications ou pas. Quiconque dit autre chose ne comprend pas le sens et la mission de notre industrie", affirme encore le texte. Cela étant, le business model de Match repose en grande partie sur la publicité. Tinder, le leader du marché, compte un peu plus de 10 millions d'abonnés actifs.

Un tiers des Américains a déjà été sur un site de rencontre

Un psychologue interrogé par le Washington Post juge cette action en justice "un peu absurde", puisque l’utilisateur est responsable de ses actes au final. D’après le Pew Research Center, presque un tiers des Américains aurait utilisé un site de rencontre. Les chiffres varient fortement sur le nombre de couples formés aux États-Unis grâce à ces applications. Le Pew Research Center parle de 10%, l’université de Stanford monte presque jusqu’à 50%.

Mais les sites de rencontre sont une forme de réseau social et les réseaux sociaux génèrent une forme d’addiction. L’auteur Mia Levitin, auteur d’un livre sur la séduction, compare la tech d’aujourd’hui au tabac d’hier. "Beaucoup d’entre nous sont rivés sur leur téléphone", dit-elle au Guardian. Le journal britannique rappelle également que Tinder a inventé le concept des profils qu’on glisse vers la droite ou la gauche en suivant une expérience sur des pigeons, des vrais pigeons, les oiseaux. Dans cette expérience, les pigeons finissent par croire que la nourriture qu’ils reçoivent vient de leur propre action. Et puis, effectivement, Meta et TikTok sont accusés eux aussi depuis des mois d’avoir un impact négatif sur le bien-être psychologique d’une partie de la jeunesse avec leurs plateformes.

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