États-Unis : face à la solitude le business des coachs en amitié se révèle lucratif

La liste des coachs de vie s’allonge, après les coachs de voyage, de carrière, de minceur, de séduction, une nouvelle carte s’ajoute à la collection : les coachs pour se faire des amis. Les Américains souffrant de solitude cette activité se développe, mais elle n'est pas encadrée.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Aux États-Unis le nouveau business des coachs en amitié. Photo d'illustration (ERIC AUDRAS / MAXPPP)

Pas toujours simple en effet de se faire des amis. Et c’est peut-être plus compliqué encore à Los Angeles, une banlieue géante, sans véritable centre-ville, sans transports en commun efficaces, un royaume de la superficialité où tout le monde est toujours "busy busy" (occupé en français), et où on finit une conversation sur deux en promettant de se revoir très vite. Ici, on dit que le vrai test pour l’amitié, c’est quand quelqu’un accepte de venir vous chercher à LAX, l’aéroport, une expérience rarement agréable.

Une anthropologue britannique a calculé qu’en moyenne, une personne a cinq amis proches maximum, 15 bons amis, cinquante amis et 150 connaissances. Or, un rapport de l’assureur Cigna de janvier 2020 estimait que trois Américains sur cinq souffraient de solitude. La pandémie n’a sans doute rien arrangé. C’est dommage parce que plusieurs études suggèrent un effet positif de l’amitié sur la santé et la qualité de vie.

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Shasta Nelson de pasteure à experte en amitié

Le Los Angeles Times s’est penché sur cette activité de coach en amitié. Comment gérer une rupture avec un ami ? Doit-on privilégier les amis aux amants ? Ce sont des choses qui ne s’apprennent pas à l’école.

Le Los Angeles Times a parlé avec Shasta Nelson, qui se présente sur son site Internet comme une "experte en amitié". Elle a même écrit trois livres sur le sujet, dont Frientintimacy, un jeu de mots entre friend et intimacy (ami et intimité en français). Shata Nelson était pasteure. Elle a assisté des couples mariés ou en train de divorcer et elle s’est rendu compte qu’elle demandait souvent à ses clients "qui vous aide dans votre divorce, qu’en disent vos amis" et elle a réorienté ses conseils sur l’amitié.

Shasta Nelson propose un programme de trois mois à celles - ses clientes sont des femmes - qui sont prêtes à faire de leur amitié une priorité et chaque semaine, le but est d’approfondir un peu plus leurs relations. Shasta Nelson organise sur Zoom des cercles de discussions d’une heure et demie et dispense des cours via des vidéos enregistrées. Une institutrice à la retraite interviewée par le Times raconte que ça lui a ouvert les yeux en l’aidant à déterminer ce qu’elle cherchait vraiment chez une amie. Les tarifs de Shasta Nelson ne sont pas indiqués sur son site.

Pas diplôme officiel de coach en amitié

Tout le monde peut devenir coach, c’est un peu le problème. Il n’y a pas d’instance qui supervise cette activité si ce n’est la fédération internationale de coaching qui délivre des certifications. Pour un client, c’est une forme de garantie puisqu’il faut des dizaines d’heures de formation pour obtenir l’une de ces certifications. Shasta Nelson, elle, a un diplôme d’un institut religieux et son expérience facilement vérifiable de pasteure. Mais le marché de coach de vie est estimé à trois milliards de dollars par an, ce qui peut attirer des gens malintentionnés avec un sens habile du marketing sur les réseaux sociaux. En cas de doute, vous pouvez toujours lire un classique, De l’amitié, le traité philosophique de Cicéron. Il date de 44 avant J.-C, il a fait ses preuves et en plus, il se trouve gratuitement en bibliothèque.

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