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Corée du Sud : une anthologie de poèmes écrits par des intelligences artificielle suscite le débat sur la création artistique

Une grande anthologie de poèmes intitulée "Pourquoi écrire des poèmes" vient de sortir. Sa particularité ? Avoir été écrite par des algorithmes, donc par une intelligence artificielle.

Article rédigé par franceinfo, Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un haiku traditionnel japonais. Image d'illustration. (Kyodo/MAXPPP)

C'est une sortie en librairie qui a fait sensation en Corée du Sud : l'anthologie Pourquoi écrire des poèmes, rédigée par une intelligence artificielle, fait couler beaucoup d'encre. Au total, le livre contient 53 poèmes de styles assez différents. Cette œuvre littéraire est le fruit d’une collaboration entre deux entreprises : d'un côté, la société Kakao Brain, l’une des filiales du géant de l’Internet coréen Kakao et spécialisée dans les applications de l’intelligence artificielle. De l'autre, l'entreprise Slitscope, un groupe qui fait de la production artistique. Ensemble, ils ont nourri un ordinateur équipé d’un système d’intelligence artificielle avec 13 000 poèmes, notamment des classiques de la littérature coréenne. 

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Certaines strophes de ces poèmes qui contenaient, par exemple, des métaphores trop compliquées pour la machine, ont été retirées et n’ont donc pas été ajoutées à ses programmes. Après ce petit tri, les algorithmes ont commencé à créer des poèmes à partir de thèmes et de mots clés qui étaient choisis par des humains, soit des poètes, soit même des employés des entreprises.

80 haikus écrits à la fois par des humains et par des machines

Pour démontrer l'efficacité de leur système, les responsables des deux entreprises ont décidé de publier un vrai livre. Selon eux, l’intelligence artificielle va maintenant se retrouver au coeur de la création artistique. Des poèmes écrits par des machines, des clips d'animation réalisés par une intelligence artificielle, et bientôt des tableaux et des petits romans issus d'algorithmes.

Au Japon, des chercheurs de l’université de Kyoto viennent de démontrer que le grand public a de plus en plus de mal à faire la différence entre le travail d’une machine et celui des humains. Ils ont ainsi donné à lire 80 haikus — des petits poèmes japonais de 17 syllabes — à du public. Dans le lot se trouvaient des oeuvres écrites entièrement par des humains, d'autres en collaboration entre des humains et une intelligence artificielle et d’autres encore écrites seules par la machine. Les lecteurs devaient noter chaque poème : les haikus rédigés à 100% par des humains et ceux 100% écrits par des machines ont eu la même note d’appréciation. 

La question de la propriété intellectuelle

Mais subsiste un problème éthique, notamment chez les artistes, écrivains ou dessinateurs. Une telle découverte questionne aussi les entreprises qui créent ces nouvelles oeuvres, car elles se retrouvent confrontées à un très complexe problème de propriété intellectuelle. A qui appartiennent légalement ces poèmes à succès ?

L’anthologie de poésie sortie en librairie appartient aux entreprises, mais par contre elles ne peuvent pas s’approprier les droits d’auteur. Car, pour l’instant, en Corée, et dans la plupart des pays développés, on ne peut pas donner de droits d’auteur à une machine ou à un logiciel. Surtout si cette machine s'est inspirée de véritables poèmes pour écrire ses propres vers.

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