Bientôt une intelligence artificielle embarquée pour surveiller l'aptitude des seniors à conduire au Japon ?

Face au nombre de morts grandissant lié à l’incapacité des seniors à conduire, le Japon a monté le ton. Non seulement ils doivent régulièrement passer des tests de capacité mais ils pourraient bientôt être aussi surveillés par une IA dans leur voiture.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les personnes âgées au volant sont responsables de 17% des accidents de la route mortels au Japon. (TADAMASA TANIGUCHI / STONE RF)

Alors que le Parlement européen planche sur une directive qui rendrait obligatoire une visite médicale tous les quinze ans pour les conducteurs les plus âgés, au Japon, le contrôle des capacités des automobilistes séniors existe depuis longtemps. Il faut dire que le problème des seniors au volant y est un sujet qui revient souvent dans l’actualité. Il y a régulièrement des accidents mortels impliquant une personne très âgée qui reconnaît qu’elle a perdu le contrôle de son véhicule ou qu’elle a confondu les pédales de frein et d’accélérateur. Dans les dernières statistiques de la police, les plus de 75 ans étaient responsables de 17% de tous les accidents de la route mortels dans le pays. C’est une proportion qui augmente année après année.

Le pays impose donc depuis plusieurs années des visites médicales aux personnes âgées qui veulent continuer à utiliser leurs véhicules. Si vous avez 75 ans, dans les six mois avant le renouvellement de votre permis, vous devez aller passez des tests cognitifs qui vérifient que vous êtes toujours capables de conduire en toute sécurité. Ce sont essentiellement des tests de mémoire et de capacités à se repérer dans l’espace et dans le temps. Si ces tests montrent que vous n’avez aucun problème, on vous renouvelle votre permis. Si les tests montrent un risque de démence ou de déficience et bien votre permis est suspendu jusqu’à une analyse plus complète.

Des coûts d'assurance adaptés au risque représenté ?

Et les autorités voudraient désormais que les voitures puissent directement voir si les conducteurs souffrent d’Alzheimer, par exemple. Pour l’instant, il n’y a pas de loi ou de règlement à ce sujet mais il y a des initiatives de plusieurs entreprises de transports privées. Depuis quelques jours, la grande compagnie de taxi Kokusai a, par exemple, accepté d’installer, à l’intérieur de certaines de ses voitures, des capteurs de contrôle qui surveillent la qualité de la conduite des chauffeurs de plus de 65 ans. Ces systèmes qui ont été conçus avec la société NTT Data analysent différentes phases de conduite et les comparent, grâce à des programmes d’intelligence artificielle, à de grandes quantités de données. 

Ils vont, par exemple, surveiller les moments où un chauffeur freine ou accélère. Est-ce que sa réaction a lieu à temps, ou trop tard, par rapport à la normale ? Pourquoi est-ce qu’il a freiné soudainement sur telle avenue alors que le GPS montre que le trafic est fluide à ce moment-là ? Plein de facteurs vont être analysés et cela va permettre de repérer les premiers signes d’une conduite un peu anormale. Et ainsi de proposer au chauffeur de faires des tests cognitifs plus pointus.

À terme, ces systèmes de contrôle pourraient concerner tous les autres conducteurs, c’est l’idée de NTT Data. Elle souhaiterait commercialiser ces systèmes pour qu’il touche de plus en plus de conducteurs. Cela va prendre des années. Mais l’entreprise pense, par exemple, le vendre aux compagnies d’assurance. Elles pourraient proposer ces contrôles en direct à leurs clients les plus âgés. Et le coût des contrats pourrait évoluer en fonction de votre choix d’accepter ou pas cette surveillance. 

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