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Au Japon, une nouvelle "taxe kilomètrage" pour les voitures électriques fait polémique

Avec le développement de la voiture électrique, des gouvernements, très engagés dans cette transition sont , en même temps, particulièrement inquiets pour leurs finances.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une voiture électrique de Nissan, le 9 juin 2014 à Tokyo (Japon). (YOSHIKAZU TSUNO / AFP)

On le sait : l'essence à la pompe est un moyen très facile pour les gouvernements de faire payer des taxes. Mais, comment faire si on ne vend plus d’essence ? Au Japon, le gouvernement se demande s’il ne faudrait pas taxer les propriétaires de véhicules électriques en fonction du nombre de kilomètres qu’ils parcourent. Mais l’idée ne fait pas du tout l’unanimité.

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D’abord, il faut dire que le Japon est plutôt très en retard dans la voiture électrique. Le pays avait plutôt fait le choix, ces dernières années, des modèles hybrides. L'an dernier, seulement 2% de toutes les voitures vendues dans les pays étaient 100% électriques. C’est minuscule par rapport aux quelques 20% en Europe ou en Chine. Le gouvernement et les constructeurs, notamment Toyota, ont compris qu’ils devaient accélérer pour ne pas accumuler trop de retard par rapport à la concurrence. Mais cela donne lieu à un grand débat sur la fiscalité de ces voitures.

22 milliards de yens envolés ?

Dans tous les pays, vous avez trois sortes de taxes sur les voitures : celle à l’achat, la vignette chaque année ou encore les taxes sur le carburant qui sont récupérées à chaque fois que vous faites le plein. Ce dernier point est très important dans le budget de l'administration japonaise : ces taxes à la pompe ont rapporté l’an dernier 3 200 milliards de yens, c’est-à-dire 22 milliards d’euros. En France, où l’essence est encore plus taxée, l’Etat récupère 40 milliards d’euros chaque année avec cette fiscalité sur les carburants.

Face au développement de l'électrique, le Japon se penche donc de près sur une nouvelle taxe afin de compenser la perte de ces milliards de yens : les précédents impôts sont, en effet, mis en place pour des postes de dépenses très précis, comme l’entretien des routes, les tunnels et tous les travaux pour améliorer la sécurité du réseau autoroutier. De fait, certains ministères voudraient trouver une source de revenu alternative.

Un nouvel impôt en fonction du nombre de km

L'une des pistes très sérieuses avancées est de taxer les véhicules électriques en fonction de la distance qu’ils parcourent. Si on ne taxe pas l’électricité que vous mettez dans votre batterie chaque jour pour aller travailler, en revanche, vous payez, une fois par an, un nouvel impôt en fonction du nombre de km sur votre compteur.

Et l'idée ne pliait pas du tout : les constructeurs, comme Toyota ou Nissan, sont très agacés. Ils expliquent que cela risque de ralentir la transition vers les voitures électriques, qui sont déjà plus chères à l’achat que les modèles essence. De même, les élus de la droite conservatrice, qui est au pouvoir au Japon, disent eux que cette nouvelle taxe va peser sur les personnes vivant loin des grandes villes plutôt que les urbains, qui d’ailleurs au Japon n’ont souvent pas de voiture. Or, cette population rurale, c’est l’un des soutiens-clés des conservateurs lors des grandes élections. Conséquence directe : le gouvernement a mis le frein à main : il reste volontairement très flou et glisse que rien n'est encore décidé...

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