Cet article date de plus de huit ans.

Tout Hergé, encore

Des enchères folles, des livres-références pour honorer Hergé et Tintin. Les aventures du reporter à la houppe continuent à fasciner lecteurs et exégètes.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (© Hergé, Moulinsart - Casterman / Hergé, Moulinsart / Hergé, Gallimard - Moulinsart)

Tintin, toujours Tintin !

Plus une vente aux enchères sans son lot de records. Cet automne, à Hong Kong, un original du Lotus Bleu s’envolait à 1000000€ ; en octobre, chez Sotheby’s à Paris, une double planche du Sceptre d’Ottokar se négociait 1600000€  ; en novembre, chez Artcurial, un simple dessin à l’encre de chine de Tintin au Congo partait pour près de 800000€.

La notoriété de Tintin, dont de Gaulle lui-même considérait qu’il était son seul rival international, fait sans aucun doute beaucoup pour ses cotes à donner le tournis. La nostalgie des lecteurs aussi, si fortement marqués dans l’enfance par la magie de ces histoires et la force de ces personnages.

L'art d'Hergé

Mais, on peut aussi attribuer ses enchères folles à la qualité même de l’art d’Hergé, lequel a haussé la bande dessinée et la maîtrise de la ligne claire au rang des beaux-arts. C’est tout l’objet du livre de Pierre Sterckx, l’un des plus éminents tintinologues, ami personnel du maître. Sterckx était  historien d’art et enseignant. Il est mort en mai dernier avant que de voir publier L’Art d’Hergé , dans lequel l’auteur revient abondamment sur les 24 aventures du héros en culotte de golf. Pour comprendre comment le dessinateur belge travaillait l’espace comme Matisse, Miro, Paul Klee. Pour dire à quel point il poussait l’usage du noir jusqu’à faire de la case un théâtre d’ombres chinoises. Pour souligner encore l’héliotropisme de Tintin : une fascination pour le soleil qui s’incarne autant dans le patronyme du professeur Tournesol que dans L’Aurore, le navire de l’étoile mystérieuse ou dans Séraphin Lampion le bien nommé qui déboule au château de Moulinsart en pleine panne électrique. Sans oublier Le Temple du Soleil , évidemment.

L’art d’Hergé de Pierre Sterckx, une coédition Gallimard / éditions Moulinsart.

Hergé en feuilleton

L’autre somme majeure de cette fin d’année, c’est Hergé, le feuilleton intégral . Casterman va éditer toutes les histoires, celles de Tintin ou encore celles de Jo, Zette et Jocko telles qu’elles furent publier dans la presse à l’époque de leur création. Avec les couleurs d’époque et  des cases inédites en albums. On commence par le diptyque de La lune , L’Affaire Tournesol , Coke en stock , et La vallée des cobras . En complétant le tout par de formidables confidences sur le regard d’Hergé, l’œuvre et l’homme. Le premier volume (en fait numéroté 11, ce qui promet une belle bibliothèque) court des années 1950 à 1958.

Hergé, le feuilleton intégral , avec la collaboration de Jean-marie Embs, Philippe Mellot et Benoît Peeters, éd. Casterman.

 

  (info manga 635)

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Histoire(s) du manga moderne , de Matthieu Pinon, Laurent Lefebvre, illustrations de Nicolas Hitori De, chez Ynnis

  (Histoire(s) du manga moderne © Nicolas Hitori De / Ynnis)

Histoire(s) du manga moderne (1952-2012) revient sur les soixante années qui ont vu l'expansion de la bande dessinée japonaise. Sa partie principale est découpée en soixante doubles pages, chacune dédiée à un millésime. La page de gauche est consacrée aux événements majeurs de l'industrie du manga et du Japon ; celle de droite dresse le portrait d’un artiste phare de cette même année. 

D’Osamu Tezuka en 1952 à Mari Yamakazi (Therma Romae) en 2012, Mathieu Pinon et Laurent Lefebvre, collaborateurs de nombreux magazines spécialisés comme Animeland ou Coyote Mag , passent en revue ces 60 ans de manga de façon chronologique. Les deux auteurs donnent des clés de compréhension en abordant le contexte politique, économique et social du Japon, année après année, avant de s’intéresser à l’évolution du monde de l’édition et aux tendances du manga à la même époque. Le livre se termine par une petite histoire de l’édition manga en France, une rencontre avec des éditeurs et une présentation de quelques auteurs français.

Un très bon ouvrage pour sur l’histoire du manga qui montre qu’il y encore trop de titres phares de la bande dessinée japonaise méconnus en France.

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