Marc-Antoine Mathieu, toujours plus profond
Il y a un an et demi, le dessinateur Marc-Antoine Mathieu nous envoyait Deep me, dont la couverture jouait, comme un tableau de Soulages, d’une écriture noire sur fond noir. Il poursuit aujourd’hui ses expérimentations graphiques avec Deep it, dont le titre est cette fois inscrit en blanc sur fond blanc.
Plus la pensée évolue, plus le dessin se dilue
L’histoire de Deep me commençait aussi dans le noir, et nous nous imaginions d’emblée, coincés dans un cerveau plongé dans le coma. Sans mémoire et paralysé. Essayant d’émerger, de loin en loin. Le thriller psychologique, classique, tournait rapidement à l’enquête métaphysique. Quand on l’interrogeait, Marc-Antoine Mathieu disait réfléchir au travail des neurobiologistes, pour qui la conscience tient à l’épaisseur et à la profondeur – DEEP – du complexe neural qui aboutit à un embrasement du cerveau.
La mise en scène de Marc-Antoine Mathieu tient toujours du jeu, d’une capacité à produire des images étonnantes à partir de purs concepts. Cette fois encore, Deep it nous envoie voguer aux limites de la bande dessinée, dans une lecture qui confine à l'expérience sensorielle. Filaments, évanescences, images en pointillé, côtoient des représentations technologiques où ne manque pas un câble, ni un rivet.
"Deep it est un regard sur un avenir possible de la condition humaine, de la vie, dans un essai poétique sur ce que pourrait être une réconciliation entre le vivant et ce qu’on appelle aujourd’hui le non-vivant, à savoir tout ce qui est issu de la technologie du silicium."
Marc-Antoine Mathieu,à franceinfo
Que reste-t-il de l’Humanité ?
Transhumanisme, intelligence artificielle, mémoire vive et mémoire morte, machine pensante naviguant dans l’espace intersidéral, ou au plus profond des océans, de la physique, de la chimie – de la cellule organique au plasma quantique, le tout et le rien, des mots qui cherchent et du silence qui veille : Deep me et Deep it, c'est de l’art et du photon.
Deep me et Deep it, aux éditions Delcourt
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