Fred, Jeanne et Lily, l'aventure au féminin
Prenons la route de l’Himalaya et de la Bourgogne, de la Chine et de Venise, en compagnie de Fred Bernard, inlassable conteur de récits au long cours que conduisent des femmes de caractère, indépendantes, toujours prêtes à briser les conventions. Grand-mère et petite-fille, la saga de Jeanne Picquigny, de Savigny, Bourgogne, France, aventurière du XIXe siècle que rien n’arrête, et de Lily Love Peacok, sa descendante plus posée mais plus espiègle, ne cesse de faire des allers retours entre les générations et les continents.
Avec La Paresse du Panda , qui s’étire sur 380 pages, Fred Bernard poursuit un travail sur la mémoire et l’imagination. Quelle différence quand on s’invente des souvenirs ? Le panda du titre, on ne le croise qu’au détour de quelques pages. Il n’est pas plus présent dans cette BD qu’il ne l’est dans la nature. L’auteur s’en désole, qui fit une prépa véto avant de bifurquer vers les beaux-arts. Dans ses histoires, les femmes agissent. Les hommes se lamentent et boivent. Tous font l’amour. Ethylisme et Kâma-Sûtra.
Grande randonnée, longue traversée
Pages silencieuses et dialogues intenses, carnets de voyages et journal intime, éloge de la fuite et de la création, goût immodéré pour les paysages et les personnages : Jeanne et Lily, mais aussi Rubis, Victoire, Eugène, Timothy, Pamela, la littérature en dessins noir et blanc de Fred Bernard est une ode à la vie. Après 5 volumes, tous aussi copieux, l’auteur pense avoir simplement fini le tour, le cadre de son puzzle. La partie peut commencer. Lecteurs, laissez-vous envouter !
La Paresse du Panda , Fred Bernard, aux éditions Casterman.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Laetitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Deux très beaux titres de la mangaka Aoi Ikebe, dans la collection Horizon des éditions Komikku
Ritournelle : Un couvent de femmes dans un pays peut-être d’Orient, peut-être d’Occident, peut-être au Moyen-Âge ou au début du XIXe siècle, ou nulle part. Toute ressemblance avec une religion existante ne saurait être que pure coïncidence. Sous la paix et la tranquillité, une inquiétude se laisse parfois entrevoir. Des pensées qui ne peuvent se dire, des cœurs qui ne seront jamais comblés… À quoi ont-elles voué leur existence ? Au service de qui ont-elles sacrifié leur vie ?
En entrant, je pensais avoir tout laissé, tout perdu… Où suis-je arrivée ?
Sœur Marwena, est un modèle pour tous, mais rapidement on comprend qu'elle est tiraillée entre la religion et l'amour. La petite Amilah, elle fait tout pour que sœur Marwena soit fière d'elle. Mais, malgré un attachement très fort, leurs vies vont suivre des chemins différents.
Aoi Ikebe use peu des dialogues et laisse s'exprimer les émotions et les tiraillements des personnages, avec un graphisme tout en finesse. Les couleurs douces et chaleureuses donnent à ce récit un petit côté intimiste.
Après le très beau Ritournelle, les éditions Komikku ont publié Au fil de l'eau . Ce récit s'immisce dans une petite ville où l’eau ne coule plus. Mais la vie continue à y suivre son cours : on y croise des ouvriers, des écoliers, du personnel de mairie… et une vieille dame qui accompagnera le récit avec ses allégories et ses multiples lectures potentielles.
Ces vies ordinaires se mêlent tout au long de l'histoire et s'influencent sans s'en rendre compte. Une chronique sociale chaleureuse et pleine de rêve. Les dialogues peu nombreux laissent la place aux émotions et au ressenti.
Deux récits poétiques et mélancoliques.
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