Chris Ware, Berberian et Dupuy
Si vous passez
par Paris, ne manquez pas l'exposition Chris Ware . Depuis une
vingtaine d'années, cet Américain mène de petites cases en petites cases un travail
perfectionniste sur la mémoire, le temps qui passe, la solitude et l'indifférence.
Avant de le rencontrer, on serait tenté de lui attribuer la tête d'enfant
vieilli qu'arbore Jimmy Corrigan son personnage fétiche. Surprise ! A
l'image de celui-ci, Chris Ware n'a pas un poil sur le caillou, mais il porte
ses 46 ans avec volubilité pour expliquer son obsession à découper et
redécouper ses pages pour faire des villes, des immeubles, des appartements,
mais aussi parler des relations humaines comme autant de petites boites où la
nostalgie le dispute à la mélancolie.
Chris
Ware à la Galerie Martel, à Paris, dans le 10e ardt, jusqu'au 27 avril.
Dupuy
et Berberian ont longtemps formé une entité unique. De la série Monsieur Jean à Boboland , il était vain de chercher à savoir lequel des deux avait
tracé tel trait ou inspiré telle idée. Depuis quelques temps, les signes se
multiplient d'une autonomie retrouvée. Semblant
avoir choisi la voie de l'autodérision et de l'humour caustique, Charles
Berberian signe la couverture du numéro
d'avril du magazine Fluide Glacial. Et c'est seul qu'il défend sa
conception de la comédie sentimentale à Mazé, dans le Maine-et-Loire, où ses œuvres
sont exposées jusqu'au 30 mars à la
Médiathèque la Bulle.
Pendant ce
temps-là, Philippe Dupuy adapte en bande dessinée le livret de l'opéra L'Isola Disabitata de Haydn, que les solistes
de l'Atelier Lyrique de l'Opéra national de Paris interprèteront début avril à
la Ferme du Buisson, à Noisiel, en Seine et Marne. Philippe Dupuy s'y exprime
avec la plume sensible et légère qu'il avait utilisée pour mettre en scène le
douloureux récit graphique les Enfants
Pâles chez Futuropolis.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.
Cette
année, le Salon du livre soigne les fans de manga avec la venue de Takehiko
Inoue, auteur de la série Vagabond ,
Hikaru Nakamura, auteure de la série Les
vacances de Jésus et Bouddha , Fuyumi Soryo, auteure de la série Cesare , Motoaki Hara, coscénariste de la
série Cesare , Li Kunwu, auteur d'Une vie chinoise et Les pieds bandés et Junko Kawakami, auteure de la série It's your world . Une exposition est
également consacrée à la revue Garo ,
qui révolutionna le genre du manga.
Auteur
de Vagabond , Takehiko Inoue a
également signé Slam Dunk (plus de
100 millions d'exemplaires vendus) et Real .
Au Japon, un musée a consacré une exposition entière, "Takehiko Inoué - The Last
Manga Exhibition" à Vagabond .
Auteure de la série Les vacances de Jésus
et Bouddha , Hikaru Nakamura a réalisé une série d'histoires courtes
à l'humour décalé : Nakamura Kojo ,
et connait le succès avec la série Arakawa
Under The Bridge débutée en 2004.
Auteure
de la série Cesare , Fuyumi Soryo
compte déjà près de 30 ans de carrière. *Cesare
- est un récit historique centré sur l'une des personnalités de la
Renaissance italienne, le célèbre Cesare Borgia.
La
rencontrer :
Dimanche 24 mars de 13h30 à 15h : au Salon du Livre, sur le stand Ki-oon, W24
Après
avoir pendant cinq ans dessiné son histoire personnelle et laissé, avec Une vie chinoise , un témoignage
impressionnant sur la Chine de Mao, Li Kunwu publie Les pieds bandés . Son trait torturé esquisse toute la difficulté du
récit et porte un regard acéré sur cette terrible pratique qui marqua dans leur
chair des millions de femmes chinoises. Dans la province du Yunnan dont Li Kun
Wu est originaire, certains villages continuèrent à bander les pieds des
fillettes jusque dans les années trente.
Le
rencontrer :
Dimanche 24 mars de 11h à 12h30 et de 15h30 à 17h30 en dédicace
Hommage à Garo
Garo est une revue mythique
publiée au Japon de 1964 à 2002. Lancée par Katsuichi Nagai, elle
s'inscrit
dans le genre Gekika. Audace graphique, contenu politique ou recherches
existentielles : les histoires publiées dans le mensuel tokyoïte ont
fait
entrer la BD nippone dans l'âge adulte et révélé au public nombre
d'auteurs majeurs (Shirato Sanpei, cofondateur du mensuel, Tsuge
Yoshiharu, Tatsumi
Yoshihiro).
Une centaine d'exemplaires exposés (dont le très rare numéro 1), de grandes
planches illustrées, des monographies consacrées aux dessinateurs principaux, beaucoup
de notes et d'explications : cette rétrospective très visuelle a le mérite de
replacer les mangas publiés dans Garo dans leur contexte socio-historique.
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