Angoulême 2022 : trois femmes pour un grand prix
Le prochain grand prix du 49e festival d’Angoulême, du 17 au 20 mars, sera forcément une femme. Pénélope Bagieu, Julie Doucet et Catherine Meurisse restent en course pour la consécration suprême de la bande dessinée.
Depuis que le rendez-vous international du 9e art propose aux auteurs de voter pour désigner les trois finalistes, puis le grand prix de la ville d’Angoulême, jamais trois femmes n’avaient éclipsé les hommes.
Une première dans l’histoire du festival
Dans un métier où ces messieurs restent ultra majoritaires, sur ce podium inédit, la vraie nouveauté réside dans la sélection de Julie Doucet. Agée de 56 ans, découverte chez nous, peu avant le tournant des années 2000, la Québécoise privilégie une BD autobiographique sans complaisance. En témoigne l’intégrale Maxiplotte que vient de livrer la maison d’édition l’Association.
Pour Pénélope Bagieu, 40 ans, et désormais mondialement célèbre pour ses portraits de femmes "culottées", il s’agit de la seconde nomination à Angoulême.
Quant à Catherine Meurisse, 42 ans, ancienne de Charlie Hebdo, élue à l’Académie des beaux-arts et qui cultive dans ses livres un rapport intime à la beauté, à la mémoire et à la nature, c’est la troisième fois qu’elle est remarquée par ses pairs.
Le nom de la gagnante et donc du nouveau grand prix de la ville d’Angoulême sera connu à la veille de l’ouverture du festival, mercredi soir 16 mars 2022.
Chris Ware, humble superstar
Angoulême, cette année, honore l’américain Chris Ware, couronné il y a un an. A ne pas manquer non plus, la rétrospective Christophe Blain, l’auteur de Quai d’Orsay, d'Isaac le pirate, de la série western Gus, et qui ces derniers mois a connu un vrai succès de librairie avec Le Monde sans fin (Dargaud), cosigné avec Jean-Marc Jancovici.
Du côté de la scène asiatique, Angoulême rendra hommage au maitre disparu du manga d’horreur, Shigeru Mizuki. La relève a pour nom Tatsuki Fujimoto, 28 ans et déjà culte. Il vient en France pour le festival.
Look Back, de Tatsuki Fujimoto, chez Kaze
Après Fire Punch et Chainsaw Man, Tatsuki Fujimoto revient avec Look Back, un manga au style totalement différent des précédents. Ce one-shot a été primé par le prestigieux prix Taishô, qui récompense tous les ans depuis 2008 le meilleur manga de l’année. Le jury est composé majoritairement de libraires.
Contrairement à Chainsaw Man ou à Fire Punch, ici pas de violence, d'action ou de grandiloquence. Tout est dans le visuel, le ressenti, il y a des dialogues mais pas à outrance.
"Je voulais raconter une histoire avec le moins de dialogues possibles et avec le moins d'expressions typiques du manga. Comme je disposais de plus de 50 pages, je pouvais très bien le faire avec peu de dialogues, et grâce au découpage et à la mise en scène", explique-t-il.
Le mangaka raconte l'amitié entre deux jeunes filles, futures autrices de mangas. Fujino, adolescente surdouée, a une confiance absolue en son talent. Kyômoto, elle, se terre dans sa chambre et pratique sans relâche. Ensemble, elles vont partager une passion fervente pour le dessin et se rapprocher de manière indéfectible.
Sacrifice, obsession pour la création, école d'art, on retrouve de nombreux éléments qui font penser à Tatsuki Fujimoto. Il avoue lui-même que "dans les deux personnages, on retrouve (sa) personnalité et surtout dans le personnage de Fujino".
Au-delà de la passion créatrice, des doutes qui assaillent l'artiste, sont abordés les thèmes de l'amitié, de l'envie de progresser, d'aller de l'avant. Dans ce manga émouvant, introspectif, beaucoup de lecteurs peuvent se retrouver.
Pendant le Festival d'Angoulême, la médiathèque L'Alpha accueillera l'exposition Tatsuki Fujimoto : héros du chaos. Cette exposition immersive dans l'univers de l'auteur ouvre les portes d'un monde baroque, entre super héroïsme disruptif et intimisme bouleversant.
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