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Une eau du robinet pure et sans chlore : un défi à relever

Le syndicat des eaux d'Île de France devrait bientôt distribuer une eau du robinet, pure et dépourvue de chlore. Les précisions de Patrick Di Martino, professeur des universités, spécialiste en microbiologie.

Article rédigé par franceinfo, Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une eau sans odeur et goût de chlore en Ile de France? Des universitaires français et étrangers travaillent sur le projet.  (GRAND PARIS SEDIF / ALTEREO)

Le SEDIF, le syndicat des eaux d'Île de France, vient de créer un comité d'experts afin de réfléchir sur les moyens d'offrir aux consommateurs une eau du robinet dépourvue de chlore. Ce comité regroupe des universitaires français et étrangers, des institutionnels et des professionnels travaillant déjà sur les projets d'eau sans chlore.

Une démarche plutôt rare en Europe

La distribution d'une eau sans chlore est un défi car la démarche est assez rare en Europe.

"Les Pays-Bas ont été des pionniers dans ce domaine. Ils ont commencé à plancher sur le système il y a une vingtaine d'années mais la mise en place reste limitée aux agglomérations d'Amsterdam et Rotterdam."

Patrick Di Martino

à franceinfo


C'est le cas également à Zurich et à Lausanne en Suisse, ainsi qu'à Odense au Danemark. En France, seul le bassin de Grenoble est concerné.
30 communes de l'agglomération grenobloise et 382 000 habitants bénéficient d'une eau du robinet sans chlore qui provient d'une ressource souterraine d'excellente qualité.

"Le principal problème du chlore c'est l'odeur et le goût" souligne Patrick Di Martino. c'est un souci organoleptique". Le chlore donne parfois un goût à l'eau que nous buvons, ce qui peut être perçu comme rédhibitoire pour beaucoup de consommateurs.

Le chlore peut aussi interagir avec certaines molécules présentes dans l'eau potable, de la matière organique, et faire apparaître des dérivés chlorés qui peuvent s'avérer toxiques pour le consommateur. La priorité est donc de maîtriser les technologies de production d'eau potable, afin de contrôler la matière organique et éviter l'apparition de dérivés chlorés, qui peuvent avoir une certaine toxicité pour l'homme. En cas d'anomalie, il faut se réserver la possibilité de rechlorer l'eau pour éviter tout problème de contamination.

L'eau non chlorée reste une exception

Patrick Di Martino reconnaît qu'il est difficilement envisageable de proposer une eau non chlorée à l'échelle national. Pour l'instant, seules les grandes agglomérations sont concernées car la complexité des installations écarte les campagnes et les territoires isolés.

La première condition, c'est la qualité de la ressource en eau. Une eau prélevée dans des eaux souterraines sera de meilleure qualité qu'une eau de surface et ce sera donc plus facile de proposer une eau sans chlore, à condition que le réseau de distribution soit récent et en bon état.

Dans le cas d'une eau de surface, il faudra une technologie de traitement extrêmement performante pour parvenir à une qualité proche de celle des eaux souterraines. "Il est clair que nous sommes confrontés à des inégalités de territoires et de capacités technologiques", conclut le spécialiste en microbiologie.

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