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Les mares : ces zones humides qu'il faut protéger

Des animations vont être proposées dans toute la France jusqu'au 5 juin pour sensibiliser le public à la nécessité de protéger ces zones humides qui sont des trésors de biodiversité. La fête des mares a débuté aujourd'hui.

Article rédigé par Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les mares : des trésors de biodiversité. L'homme les a fait disparaître ou les a dégradées. La fête des mares a débuté aujourd'hui.  (TIBOR BOGNAR / THE IMAGE BANK RF / GETTY IMAGES)

Rémi Luglia, président de la société nationale de protection de la nature est à l'origine de la fête des mares. Il est l'invité de Catherine Pottier. Cet évènement annuel et national est coordonné par la Société nationale de protection de la nature. Le thème de cette 7e édition, "Les mares, alliées du vivant", fait référence à l'importance de la biodiversité des mares et des zones humides, et l'importance de préserver ces milieux aujourd'hui très menacés.

En un siècle, 90% des mares ont disparu sur le territoire, or elles contribuent à la protection de la faune et de la flore, mais aussi à la régulation et à l'épuration des eaux.

Des écosystèmes uniques

"Les mares sont des écosystèmes écologiques très spécifiques car tout est en interaction, explique Rémi Luglia. Les mares sont souvent organisées en réseau. Elles sont rarement isolées, et il est fréquent de trouver une autre zone humide à 100 ou 200 mètres, ce qui contribue à tisser un réseau du vivant.

"Les mares sont des écosystèmes écologiques très spécifiques car tout est en interaction." Rémi Luglia.  (MOODBOARD / IMAGE SOURCE / GETTY IMAGES)

Les réseaux que l'on trouve dans ces lieux sont riches et complexes. On peut citer le cortège des amphibiens, les tritons, les crapauds, les grenouilles, mais aussi les insectes, les libellules sans oublier les plantes qui foisonnent dans ces zones humides. Toutes ces espèces sont interdépendantes (les rousserolles font leurs nids sur les roseaux, les tritons enveloppent leurs oeufs dans des feuilles de plantes aquatiques etc...).

On observe aussi des variétés différentes selon les plans d'eau. Les facteurs locaux comme le climat, la nature géologique des sols, la taille ou la profondeur des mares, peuvent favoriser la présence de telle ou telle espèce, ce qui en fait à chaque fois un lieu unique.

Les mares, qui étaient autrefois en grand nombre, ont disparu au fil du temps. Il faut savoir que 95% des mares recensées sur le territoire ont été créées par l'homme, car elles étaient utiles pour les systèmes agricoles d'autrefois. Avec la mécanisation et la modernisation de l'agriculture, ces zones humides ont perdu leur utilité économique et elles ont été abandonnées ou remblayées.

Les mares, nos alliées. Il faut les préserver et les laisser vivre en évitant de les dégrader.  (P A THOMPSON / PHOTODISC / GETTY IMAGES)

"Elles sont devenues progressivement des ronds-points, des zones industrielles ou des zones d'habitats", se désole le président de la Société nationale de protection de la nature. Leur qualité s'est par ailleurs dégradée car elles sont mal entretenues et régulièrement souillées par des eaux polluées. Ces lieux sont pourtant toujours nécessaires pour certaines activité humaines comme l'irrigation, l'alimentation en eau potable , ou la pêche.

Un outil de régulation des eaux

Les mares et toutes les zones humides permettent d'absorber les "trop-pleins" d'eau en cas de débordements ou de pluies abondantes. Elles permettent de recharger les nappes phréatiques lorsqu'il pleut, mais elles sont aussi un moyen de les alimenter en période de sécheresse. "Elles ont un rôle de régulation des eaux", explique Rémi Luglia, qui cite l'exemple des eaux de ruissellement liées aux infrastructures routières ou aux eaux pluviales déversées par les toits des bâtiments.

Lorsque ces eaux arrivent ou transitent par les mares, cela permet de réguler leurs flux. Les mares et les zones humides contribuent par ailleurs au stockage et à l'épuration naturelle de l'eau. En retenant et en transformant de nombreux polluants, elles protègent l'ensemble du vivant !

95% des mares recensées sur le territoire ont été créées par l'homme, car elles étaient utiles pour les systèmes agricoles d'autrefois. (SOCIETE NATIONALE DE PROTECTION DE LA NATURE)

Les mares contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique

A l'image des océans, les mares permettent d'atténuer les effets du changement climatique. Dans le monde, l'ensemble des mares de fermes couvrent environ 5000 fois moins d'espaces que les océans, mais leur activité biologique est 10 000 fois plus soutenue car les températures y sont beaucoup plus élevées ce qui intensifie les mécanismes biologiques.

Elles stockent plus de carbone organique que l'ensemble des mers et des océans de la planète. Les mares sont de véritables capsules micro-climatiques car elles contribuent à la diminution des îlots de chaleur, en offrant des températures plus fraîches et une humidité permanente avec le processus d'évaporation.

Aujourd'hui les mares sont de plus en plus menacées par l'activité humaine, à la fois sur le plan chimique, physique et biologique. La protection des zones humides a fait l'objet d'une directive européenne mais Rémi Luglia estime que la meilleure action pour sauver et sauvegarder ces étendues d'eau, reste encore l'initiative personnelle. Ne pas remblayer les mares et les entretenir.

"Protéger une mare revient à la laisser vivre en évitant de la dégrader et de la faire disparaître, à vrai dire, c'est assez simple."

Rémi Luglia

à franceinfo

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