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"Jourdain" : un projet pilote en Europe, pour transformer les eaux usées en eau potable

Face à la multiplication des périodes de sécheresse, le recyclage des eaux usées est aujourd'hui un enjeu majeur pour l'avenir. 

Article rédigé par Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La construction et l’exploitation de la future usine d’affinage des eaux usées, attendue courant 2023, ont été confiées au groupe Veolia.
 (ATELIER RVL ARCHITECTES - TOURS)

Le département de la Vendée va bientôt expérimenter le projet "Jourdain", un projet pilote en Europe, pour transformer les eaux usées en eau potable avec les précisions de Jacky Dallet, président du syndicat "Vendée Eau". Plusieurs départements sont actuellement touchés par la sécheresse et des mesures de restrictions d'eau ont d'ores et déjà été prises dans certaines zones pour économiser la ressource.

Avec le réchauffement climatique, ce type de situation est appelé à se reproduire régulièrement, d'où la nécessité de réfléchir à des moyens de recyclage de l'eau.
Actuellement, moins d'1% des eaux polluées sont recyclées, ce qui est très peu d'autant que la majorité de ces eaux ne sont pas destinées à la consommation humaine.

La Vendée, qui est l'un des départements les plus sensibles au stress hydrique, va donc lancer dans quelques semaines l'expérimentation du projet" Jourdain". Un projet unique en Europe, mené par le syndicat des eaux de Vendée VENDEE EAU et le groupe VEOLIA.

Jourdain : un projet unique en Europe

Le projet Jourdain est un programme global de valorisation circulaire de l'eau. Au lieu d'être rejetée en pleine mer, une partie de l'eau provenant de la station d'épuration des Sables d'Olonne, sera récupérée et traitée afin d'être réinjectée dans les circuits d'eau potable. C'est un projet inédit car actuellement, la réutilisation des eaux usées et traitées n'est possible que pour l'irrigation agricole ou l'arrosage des espaces verts.


L'eau provenant de la station d'épuration des Sables d'Olonne subira un traitement au sein d'une unité d'affinage actuellement en construction dans la zone des Plesses à château-d'Olonne. Elle sera filtrée puis désinfectée à deux reprises, afin d'éliminer les micropolluants comme les résidus médicamenteux ou les substances issues des produits ménagers, mais également les composés microbiologiques tels que des virus ou des bactéries.


Cette eau sera ensuite acheminée vers le barrage de Jaunay grâce à une canalisation de 27 kilomètres. Elle sera rejetée dans une zone végétalisée puis mélangée aux eaux de la rivière avant de rejoindre lentement l'usine de production d'eau potable du Jaunay qui rendra alors cette eau tout à fait consommable.
L'unité d'affinage va être mise en fonctionnement dans les prochaines semaines puis commencera alors la longue période d'expérimentation.


Au cours de cette année d'observation , seuls 150 mètres cubes par heure seront traités puis rejetés en mer. En fonction des résultats de cette première année d'exploitation, l'unité devrait alors être autorisée pendant trois ans, à rejeter une partie de l'eau traitée en amont du barrage du Jaunay. A partir de 2027, l'unité sera en mesure de traiter 600 mètres cube d'eau par heure.

"C'est aujourd'hui qu'il faut préparer le monde de 2050."

Jacky Dallet, président de Vendée Eau

à franceinfo

Le président de Vendée Eau reconnaît que l'idée première de ce projet Jourdain, est de sécuriser l'approvisionnement en eau de la Vendée. Jacky Dallet explique que le département doit répondre à la fois à des contraintes écologiques, mais aussi à une augmentation permanente de la population. "Les pluies sont de plus en plus aléatoires et compliquent le remplissage des 13 retenues du département" souligne le président de Vendée Eau.

En France, 70% de la ressource en eau est souterraine

La Vendée est l'un des départements les plus sensibles aux périodes de sécheresse. Le département dépend à 90% des eaux de surface accumulées dans les retenues d'eau, très sensibles aux conséquences du réchauffement climatique.


"A terme, l'idée est de retrouver à l'horizon 2030/2050, 8 millions de mètres cube d'eau qui sont aujourd'hui rejetés en mer", explique Jacky Dallet.


Si la réutilisation des eaux usées s'avère être une piste intéressante pour l'avenir, il faudra incontestablement briser certains tabous et convaincre la population que ces eaux, même si elles proviennent des toilettes, ne sont pas sales, une fois traitées, et sans doute plus propres que les eaux des rivières.

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