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Au fil de l'eau. Et si les abysses sortaient du noir ? Le robot sous-marin UlyX peut plonger à 6 000 mètres

"Au fil de l'eau" Catherine Pottier reçoit aujourd'hui François Houiller, PDG de l'Ifremer. L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer expérimente depuis deux mois, le nouveau robot sous-marin UlyX, capable de cartographier les fonds marins à 6 000 mètres de profondeur. 

Article rédigé par franceinfo, Catherine Pottier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le nouveau robot autonome sous-marin UlyX va permettre d'explorer les fonds océaniques dont moins de 10% ont été explorés à ce jour. Dans cette exploration des abysses, la France a toujours occupé une place de pionnier. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Plongée au cœur des abysses. Dans "Au fil de l'eau" aujourd'hui François Houiller, Président-directeur général de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, l'Ifremer, qui expérimente actuellement son tout nouvel outil, un robot autonome, baptisé UlyX. Il est tout jaune. Il mesure 4,5 mètres de long et pèse pratiquement 5 tonnes. Il pourra cartographier les abysses et faire des prélèvements jusqu’à 6 000 mètres de profondeur, avec une autonomie de 24 à 48h.  

Plongée en terre inconnue   

On connaît mal les abysses. Ils sont mal connus et mal cartographiés.

François Houiller, PDG de l'IFREMER

On ne connaît pas très bien non plus toutes les ressources minérales qu'ils peuvent abriter. L'endroit le plus profond, connu à ce jour, est la fosse des Mariannes, à près de 11 000 mètres de profondeur, dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique, à proximité de l'île de Guam. Il y a eu deux plongées récentes, mais le site a été visité quatre ou cinq fois maximum. Ce sont des lieux qui restent encore très peu connus.

La fosse océanique des Mariannes concentre toute l'attention des scientifiques mais il y a beaucoup d'autres endroits, situés à des profondeurs moins importantes que 10 000 mètres, et tout aussi intéressants. Des zones situées à 4 000, 5 000 ou 6 000 mètres de profondeur et qui cachent de très grandes richesses en matière d'écosystèmes.

À de telles profondeurs, ces écosystèmes ne sont pas basés sur la photosynthèse. Ce n'est pas l'énergie du soleil qui leur donne vie, mais la chimiosynthèse, c'est-à-dire la capacité de ces organismes, situés à de très grandes profondeurs, d'utiliser et de synthétiser les éléments chimiques qui viennent des grands fonds, ou leur aptitude à récupérer les détritus venant de la surface de l'eau.  

La Seyne-sur-Mer, 23 octobre 2020. Lorenzo Brignone, chef du laboratoire des robots sous-marins à l'Ifremer présente le tout nouveau robot baptisé UlyX.  (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

UlyX, un outil exceptionnel pour découvrir les grands fonds marins  

Jusque-là, la communauté scientifique disposait de véhicules autonomes qui pouvaient descendre jusqu'à 3 000 mètres de profondeur. Il était pratiquement impossible d'explorer les zones situées entre 3 000 et 6 000 mètres. UlyX va permettre de le faire. Ce robot dispose également d'une série de capteurs qui vont lui permettre d'observer et de cartographier des zones encore inconnues.

UlyX possède également une sorte "d'intelligence embarquée " qui va lui permettre de passer du mode "avion" au mode "hélicoptère", dès qu'il s'approchera d'objets particuliers.

François Houiller

Le robot pourra ainsi zoomer à l'approche du fond, il pourra ralentir sa course, faire une inspection précise des lieux, avant de repartir et poursuivre sa mission.

On estime que ce nouveau robot de l'Ifremer pourra explorer 50 kilomètres carrés à chaque mission. Il est actuellement en période de tests et devrait être mis en service début 2022.

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