Vestaires et préliminaires

Théoriquement, les vestiaires sont un endroit banal ou les joueurs enfilent les
maillots et chaussent les crampons. En fait c’est là ou les matchs se gagnent
ou se perdent ; là ou se font et se défont les carrières car les vestiaires
tiennent à la fois du huis clos technique, du défouloir humain et du
confessionnal. C’est pas pour des prunes que le regretté Jacques Fouroux,
formidable meneur d’hommes d’ 1m 62 mettait du Wagner plein pot dans les
vestiaires avant de lâcher ses "petits" sur la pelouse. Apocalypse Now, version rugby.

Mine de rien, c’est dans les vestiaires du Stade de France,
demain vers 15 heures que se joueront les premiers points du match France
Italie en ouverture du tournoi des 6 nations. Le discours des coachs   pèse bien plus lourd que tous les
entrainements et il suffit souvent de voir comment les deux équipes pénètrent
sur le terrain pour deviner qui va prendre le dessus.

C’est dans les vestiaires d’un précédent France Italie, à la
mi temps, que l’ancien entraineur Bernard Laporte avait poussé sa plus
homérique colère, devenue tellement culte qu’elle avait servie de spot
publicitaire décalé pour les pates Lustucru.

Dans les vestiaires, encore, en Afrique du sud que le
sympathique Anelka s’était frité avec le pauvre Domenech, déclenchant l’épisode
footballistique le plus ridicule de l’histoire des coupes du monde.

Dans les vestiaires encore, du Racing Métro, que
l’entraineur Berbizier et le joueur Chabal ont appris à se détester au point
que le premier demande et obtienne la peau du second. Vieille peau il est vrai
et qui n’était plus d’un rapport qualité/prix suffisant pour le club.

Bref, les vestiaires sont un peu au sport collectif ce que
les préliminaires sont à l’amour physique. C’est là que tout commence. Ce n’est
pas une fin en soi. Mais généralement ca annonce assez bien ce qui va suivre.