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Sauve qui peut la France

A première vue, la grande question qui nous agite depuis quelques semaines n'est plus la France terre d'asile, mais la France terre d'exil.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

La question ne porte plus sur les quotas de travailleurs immigrés qui
viennent chercher en France la liberté, le travail ou les avantages sociaux
mais sur les bataillons de riches, de stars ou de people qui font le chemin
inverse pour trouver hors des frontières de l'hexagone quelques avantages
fiscaux, professionnels ou idéologiques.

Dans cette curieuse épidémie de sauve qui peut, c'est Gérard Depardieu qui a joué le rôle de virus dominant. Depardieu le nouveau moujik dont
on ne sait plus très bien aujourd'hui s'il est Français, Belge ou Russe mais
dont on a bien compris qu'il avait déplacé la rue du Cherche Midi à 14 heures
pour des raisons essentiellement fiscales.

Et puis, il y a le lunettier Afflelou, c'est fou, qui part
s'installer à Londres pour des raisons de stratégie industrielle mais qui
dénonce au passage le retour de la France à l'esprit de 1789 et la guerre de
tranchée menée actuellement contre les chefs d'entreprise.

Il y a encore Bernard Arnault, le puissant patron du groupe
de luxe LVMH qui postule pour la nationalité belge afin, croit-on comprendre, d'éviter à ses héritiers de colossaux droits de succession. Il y a Brigitte
Bardot qui prétend également préférer Moscou à Saint Tropez parce que dit-elle "la France lui fait honte " et qu'elle y est trainée dans la boue
depuis 60 ans.

Il y a enfin depuis quelques jours le cinéaste Mathieu Kassovitz
qui annonce avec élégance son désir de "dégager de France " pour des
raisons de créativité cinématographique ce qui signifie en clair qu'il ne
digère pas les échecs commerciaux de ses derniers films et en conçoit quelque
solide amertume.

Bref, si comme le disait autrefois Michel Rocard, "la France
ne peut pas accueillir toute la misère du monde
", formule qui date de
1990, aujourd'hui on dirait plutôt que "le monde peut accueillir toute la
richesse de France
".

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