Les quatre droites
Jadis considéré
comme un parti d'élite, dominateur et sur de lui, l'UMP, fondée sur mesure pour
Jacques Chirac il y a dix ans traverse une crise bien pire que les ados de son
âge. Quand on entend le vainqueur Copé appeler à une "vague bleue"
aux élections de mars 2014, on ne peut pas ne pas y voir une colossale finesse
allusive au "bleu marine" porté par quelqu'un d'autre. Quand on
entend, la minute d'après, le battu Fillon dénoncer "la fracture
politique et morale" qui divise l'UMP, on se dit qu'il n'aurait pas pu
trouver des mots plus durs.
Quand on voit Hervé
Morin, ancien ministre de Fillon et nouvel allié centriste de Borloo se marrer
comme une baleine devant pareil vaudeville et quand on constate que les ténors
du Front National n'ont jamais semblé aussi joyeux depuis l'élection de deux
des leurs au Palais Bourbon, on se dit que le psychodrame de l'UMP dépasse
largement l'UMP elle-même.
Car en France
désormais, il y a quatre droites. La droite dure de Marine Le Pen, la droite
centriste de Jean-Louis Borloo, la droite décomplexée de Jean-François Copé et
la droite moralement fracturée de François Fillon. Pour parler clair, c'est la
vieille droite chiraquienne qui est morte hier soir à 98 voix près et dans
d'atroces souffrances audiovisuelles.
Dans le temps, on
les appelait les gaullistes. Dans le temps on disait que "comme les
loups, les gaullistes se déchirent entre eux mais qu'ils chassent en
meute ."
Mais c'était dans le temps. Aujourd'hui, ils ne
chassent plus. Ils se contentent de se déchirer.
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