Les larmes de Mme Royal
Jamais sans doute ceux qui briguent les suffrages de leurs concitoyens, dans les élections primaires comme dans les grands scrutins, n’auront fait preuve d’autant d’ego que ceux de la nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques. L’ego de Sarkozy est colossal, celui de Montebourg extravagant, et celui de Ségolène proprement sidérant. On en passe et des meilleurs.
Jadis, les Giscard, Mitterrand, Chirac et autre Jospin cachaient leur vanité à l’abri d’une froide cuirasse. Ils ne fendaient jamais l’armure.
Jadis, le temps politique était plus lent et moins féroce. Les interminables septennats et la relative faiblesse des médias autorisaient les vaincus d’une élection à remettre le couvert le coup d’après et à revenir par la fenêtre après être sortis par la porte.
Désormais, il y a le quinquennat, les primaires qui se généralisent, les médias partout et tout le temps. Les séquences sont dix fois plus rapides, les victoires cent fois plus spectaculaires et les défaites mille fois plus cuisantes. Ou blessantes. Ce qui laisse peu de place au “ désir d’avenir” quand on a bu la tasse. L’époque des candidats à vie semble révolue.
Comme toutes les larmes, celles versées par Mme Royal à 23H40 le 9 octobre 2011 marquent la fin d’une séquence. Mais aussi le début d’une nouvelle donne politique, celle des candidats kleenex qui ne servent qu’une fois, celle du zapping électoral.
Dans quelques minutes, en regardant le débat des deux autres à la télé, Ségolène séchera peut être ses larmes. Ou bien elle pensera à ce que Simone de Beauvoir : “Dans toutes les larmes s’attarde un espoir
”
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