D'abord j'ai écouté France Info en boucle et plus encore qued'habitude pour constater combien cette radio (à nulle autre pareille) étaitune radio libre faisant honneur au service public d'information et garantissantle pluralisme sans verser dans la castration politiquement correcte.Ensuite, j'ai mis la musique à fond, un mélange dePavarotti, de Mozart et de jazz, ma drogue, de Duke Ellington et de Gene Krupa,le batteur virtuose des années quarante, créateur d'une culture aujourd'huiomniprésente : celle des solos de batterie jouissifs et trépignants aurisque de fâcher encore mon triste voisin de palier, lequel ne m'apprécieguère. Mais bien sûr c'est parce qu'il ignore quel être exceptionnel je suis...Puisque l'épitaphe arrive, autant la rédiger soi-même.J'ai mangé aussi. Et fort bien. Et bu du vin blanc, sansaucune modération. Avec ma compagne du sexe opposé - car je suis unincorrigible réactionnaire - j'ai échangé de tendres baisers et baladé mesmains. J'ai fumé un superbe cigare de calibre Robusto et de cubaine provenance.Dans la rue, j'ai confié à quelques passantes inconnuescombien je les trouvais belles et suis allé dire à un imbécile malheureux queje lui souhaitais de mourir toujours aussi stupide mais un peu plus heureux,rien que pour voir si ce n'est pas le malheur qui l'avait rendu méchant.Ce soir, sitôt cette chronique entendue par vous, je reliraiAndré Gide, Eluard et Camus et Montaigne et Desproges et Audiard et tous cesimmenses Français qui m'ont rendu fier de ma nationalité. Et je mangeraiencore, et je boirai de nouveau et j'aimerai toujours. Toujours la mêmefemme. Vieille France, on vous dit.Je déteste les fins du monde mais j'adore les jours d'avant.Comme disent les Irlandais : "la situation est désespérée, mais ellen'est pas grave". A demain donc. Enfin, peut-être !