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Le chêne et le roseau

A première vue, ça ne rigole pas. Si dans un passé plus ou moins récent les années électorales avaient débuté dans un optimisme relatif, ou il était question de "changer la vie", de "gagner plus" ou de "désir d’avenir", un mot, un seul accapare le débat politique à 120 jours de la présidentielle, un mot de cinq lettres, le mot "grave".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

Ils l’ont tous à la bouche, de Bayrou à Villepin en passant
par Le Pen, l’UMP et le PS. Pour les vœux du président sortant, la gravité
crevait l’écran. Le costume était sombre, la mine aussi et le propos encore
plus. Nicolas Sarkozy nous a parlé de "la crise la plus grave depuis la
guerre". Idem chez les Hollandais. "La situation est grave"
affirme Manuel Valls, le dircom du candidat socialiste, pour qui "le pays
traverse l’un des pires moments de son histoire". Encore plus grave, le
centriste Bayrou estime "que le modèle français est en train de
mourir".

Ce ne sont plus des vœux mais des épitaphes. A défaut de
pratiquer la politique du pire, tous les candidats nous prédisent le pire de la
politique, sauf naturellement si on vote pour eux. La dramatisation des enjeux
sera donc sans doute la marque de fabrique de la campagne présidentielle. Le
courage, la fermeté, la solidité apparaitront comme les traits de caractère
indispensables à la victoire.

M. Sarkozy va donc jouer à fond cette carte-là. Ce sera sa
troisième stratégie de rupture. En début de quinquennat, rupture d’avec le
chiraquisme soporifique. En milieu de quinquennat, abandon de l’image bling-bling
et des écarts de langage. En fin de quinquennat, subite métamorphose en patriarche rassurant et protecteur.
Trois ruptures pour le prix d’une. Dans le fond, Nicolas Sarkozy est le
contraire exact du roseau de La Fontaine : il rompt mais ne plie pas. Le
chêne socialiste est prévenu.

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