La plume se rebiffe
Alors certains en acceptent la malédiction comme l'écrivain
Erik Orsenna, l'une des plumes favorites de François Mitterrand et qui confesse
aujourd'hui avec philosophie qu'il se voyait à l'époque comme "le
nègre principal des discours subalternes" .
D'autres s'en amusent comme Christine Albanel qui fut la
plume de Jacques Chirac et qui raconte sans aucun complexe qu'elle avait écrit
pour lui la fameuse déclaration de dissolution de l'Assemblée Nationale, en 1997,
sans rien y comprendre. Qu'elle se rassure : personne n'a compris. Et puis pour
Jacques Chirac, l'écrit et le verbe, bref, l'art de causer en public avait
beaucoup moins d'importance que sous François Mitterrand.
Enfin il y a des plumes qui se rebiffent. Des "poids
plumes" qui se rêvent en "poids lourds" . Des hommes de
l'ombre qui aspirent à la lumière. C'est ainsi qu'il faut interpréter la
candidature cactus d'Henri Guaino à la présidence de l'UMP. Entre Jean-François
Copé et François Fillon, il court au fiasco. Mais c'est plus fort que lui. Et
dans le fond, ça se comprend.
Henri Guaino, c'était la plume de Nicolas Sarkozy. Une plume
d'élite comme il y a des tireurs du même nom. Le super candidat, hyper
président, lui doit ses plus grands succès. Et quand dans le même discours
magnifiquement ampoulé, à la tribune, "Sarko" citait pêle-mêle Jean
Jaurès, Léon Blum, Georges Mandel, Jules Ferry et Charles de Gaulle, il y avait
Henri Guaino, installé au premier rang, marmonnant les mots qu'il connaissait
par cœur comme on mâche un chewing-gum auquel on n'a pas droit.
Et à force de mâcher, on rumine. Et même si on ne prédit
aucun succès à monsieur Guaino dans la bataille de l'UMP, on se dit que voler
de ses propres ailes, pour une plume c'est bien la moindre des choses.
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