La disparition du journalisme de papa
Désormais, l’information
est délivrée en temps réel. Le décalage entre ce qui est vu, entendu, ressenti,
supposé et ce qui est diffusé sur les antennes ou sur le web n’existe plus.
Sans ce décalage qui
permet en principe de distinguer le qui, le quoi, le comment, le quand, le ou
et le pourquoi, les six fameuses composantes d’une information digne de ce nom,
sans ce décalage, c’est forcément un journalisme différent qui est en train de
prendre le pouvoir.
Pouvoir n’est pas un
mot trop fort, car tous les citoyens ont désormais le pouvoir d’être informé ou
surinformé. L’homme de la rue en sait quasiment autant que le journaliste qui
lui parle. Autant et au même moment. Un autre décalage a disparu. Celui qui
devrait, paraît-il exister entre les faits et les commentaires. Ca, disons le
tout net, c’est une légende urbaine qui depuis des lustres alimente les
fantasmes des écoles de journalisme. Les faits ne sont jamais neutres, ils ne
sont jamais exposés, ni perçus, ni reçus sans jugement de valeur ou émotion. Il
n’y a pas de perception sans interprétation.
Alors, au terme de
huit jours d’une séquence médiatique effrénée consacrée à la traque puis à la
mort de Mohamed Merah, on peut regretter que le flot de l’information continue
ait définitivement jeté aux oubliettes le fameux recul qu’on devrait avoir par
rapport à l’actualité brûlante. On peut aussi et surtout se féliciter que les
citoyens disposent quand ils le veulent, (car ils peuvent aussi zapper), de
l’information la plus rapide et complète possible. Ca s’appelle la transparence
et c’est une exigence démocratique.
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