L'œuf et la poule

Comme si la crise à
l'UMP n'était pas grave en soi, au seul motif que dans une démocratie, il
importe que le pouvoir de ceux qui gouvernent soit contesté par le contre-pouvoir de ceux qui s'opposent. Mais non, cela ne suffit pas à Harlem Désir. Et
d'ailleurs, il n'est pas le seul. Un conformisme assez primaire conduit une bonne
partie du personnel politique à agiter le chiffon rouge ou plutôt bleu marine
de l'extrême droite chaque fois que quelque chose ne va pas. 

C'est devenu un
élément de langage obsessionnel. Dire qu'une chose est grave ne suffit pas. Il
convient d'ajouter qu'elle est grave parce qu'elle fait le jeu du Front National.
En poussant ce raisonnement au bout, on pourrait dire que le chômage n'est
vraiment préoccupant que parce qu'il favorise le FN, ou que si on lutte contre
l'insécurité, à Marseille par exemple, on ne le fait que pour empêcher l'extrême
droite d'y prospérer. Et on pourrait en déduire que si le Front National
n'existait pas, plus rien ne serait vraiment préoccupant dans notre bel
hexagone.

Outre la stupidité
d'un tel raisonnement, on conviendra que c'est une confusion entre la cause et
la conséquence. Bref, l'éternelle question de l'œuf et de la poule. Harlem Désir
n'a donc rien inventé. Sauf qu'en tenant les propos qui sont les siens, il fait
objectivement le jeu du FN. Ce qui, si on suit bien son raisonnement, est d'une
extrême gravité.