L'émotion en politique
Dernier exemple en date : l’assassinat d’Agnès, crime avoué par un lycéen violeur récidiviste, déjà condamné pour crime sexuel mais jugé non dangereux par de brillants experts, placé sous contrôle judiciaire, mais sans que les contrôleurs aient décelé quoi que ce soit, et scolarisé dans un établissement mixte mais apparemment sans que ses profs ou directeurs soient prévenus de ses antécédents. Bref, le loup dans la bergerie.
Alors, évidemment émotion il y a. Et même si la maman d’Agnès dont la dignité force l’admiration se dit "dépassée par la tournure politicienne" qu’a pris l’affaire, il est normal que les ministres concernés, intérieur, justice, éducation dénoncent les dysfonctionnements qui ont conduit à pareil catastrophe. Il est normal que le conseil des ministres se soit engagé à réformer l’évaluation de la dangerosité des délinquants. C’est même le moins qu’il pouvait faire.
N’en déplaise à l’opposition, il n’y a rien de choquant à ce que le ministre de l’intérieur se soit exprimé là dessus à la télévision. Et ceux qui parlent de loi de circonstances ou "d’exploitation politicienne de l’insécurité" font preuve au mieux d’une sidérante mauvaise foi, au pire d’une naïveté confondante.
Lorsque la France est menacée de perdre son précieux triple A, et que l’émotion fait trembler le CAC 40, personne ne reproche aux autorités de réagir immédiatement. Pourquoi donc la sécurité de nos enfants serait-elle le seul domaine ou il serait indigne de réagir "sous le coup de l’émotion ?" Pourquoi faudrait-il vraiment attendre la prochaine victime ?
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