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"Objectif Zéro" d'Anthony McCarten : un roman d'aventures captivant

"Objectif Zéro" d'Anthony McCarten, traduit de l’anglais par Frédéric Brument, et publié chez Denoël, est une fable sans concessions sur les dérives de l’I.A. C'est le coup de coeur de Gilbert Chevalier.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"A livre ouvert", le choix de Gilbert Chevalier, tous les dimanches dans "Les experts livres". (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Les romans sur l'intelligence artificielle sont de plus en plus nombreux. Avec aujourd'hui un constat : ces romans deviennent de plus en plus paranoïaques. Il y a un an, sortait par exemple, Alfie, de Christopher Bouix, au Diable vauvert. Le roman aigre-doux laissait une bonne place au ridicule, et à la critique de nos habitudes domestiques et familiales.

Objectif Zéro ne laisse aucune place à l'humour, et décrypte ce que pourrait être une société de surveillance poussée à l'extrême, avec des outils qui trouvent leurs racines dans le monde réel d'aujourd'hui, et le besoin de sécurité des populations. Anthony McCarten a imaginé une sorte de jeu appelé 'Objectif zéro', conduit par une grande entreprise de la high tech, associée à la CIA. 10 personnes sont tirées au sort, elles viennent des quatre coins des États-Unis, avec des profils très différents. Mais tous partagent le même but : gagner 3 millions de dollars. Pour cela, ils devront disparaître pendant 30 jours.

Pour Fusion, l'entreprise qui a mis en place ce test grandeur nature, l'objectif est de vendre de nouveaux outils de surveillance, en collaboration avec la CIA. Fusion est une de ces entreprises les plus innovantes et puissantes au monde. Son patron est une sorte d'Elon Musk, à l'ego surdimensionné, et surtout peu sensible à la sauvegarde des libertés civiques. Mais il va y avoir un grain de sable, un des candidats plus coriaces que les autres, celle que personne n'avait vu venir, une bibliothécaire de Boston, très éloignée des réseaux sociaux et des nouvelles technologies.

Une jeune femme va mettre en échec la puissance des machines

Drones, algorithmes prédictifs, capteurs de reconnaissance faciale et de mouvements, et autres logiciels espions, pour capter nos conversations : tous ces dispositifs, bien réels ou imaginés par l'auteur, sont en échec face à la bibliothécaire. Cette jeune femme a été sous-estimée par les algorithmes. L'auteur néo-zélandais a eu la bonne idée de nous proposer cette opposition, entre cette jeune femme simple, décalée socialement, et cette entreprise high tech associée à la CIA.

Le duel est savoureux pour le lecteur qui, au passage, s'identifie facilement à cette jeune femme, d'autant que celle-ci n'est pas celle que l'on croit. Et son objectif, on le comprend assez vite, n'est pas seulement de gagner les 3 millions de dollars promis.

Anthony McCarten, surtout connu pour ses scénarios de cinéma – il a notamment signé Bohemian Rhapsody – nous offre un roman d'aventures absolument captivant, et une réflexion sur une société de surveillance extrême, où le citoyen ne perçoit pas vraiment les enjeux et les dangers de ces outils de surveillance. Sur le thème basique : protégez-moi, même aux dépens de quelques libertés.

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