Les gens ordinaires sont aussi de merveilleux héros
Le premier choix de Gérard Collard est un livre bouleversant. Un des livres qui "devrait être un des grands livres de la rentrée " affirme le patron de La Griffe Noire. La déesse des petites victoires de Yannick Grannec, aux éditions Anne Carrière. L'histoire de la femme du plus grand mathématicien de tous les temps.
Mot de l'éditeur
Kurt Gödel (1906-1978) est un mathématicien et logicien comptant parmi les plus importants du XXe siècle. Cet ami intime d'Albert Einstein est aujourd'hui principalement connu pour être l'auteur des fameux " théorèmes d'incomplétude ". De cette découverte tendant à établir les limites de la connaissance scientifique, Yannick Grannec garde l'aspect poétique de l'intitulé, pour s'intéresser intelligemment aux paramètres inconnus de la vie du grand homme. Ceux-ci s'appellent l'amour, l'air du temps, l'inconscient, la vie de couple, le génie, la folie, etc. autant de champs d'études ou de connaissance qui sont précisément sans limites pour la littérature.
Jouant de ce paradoxe, Yannick Grannec signe un récit efficace, qui sait rendre captivante et abordable la vie d'un scientifique réputé pour l'extrême complexité des ses raisonnements et recherches.
Avec une écriture sans fioriture, à la forme classique cultivant simplicité, limpidité et énergie, ce premier roman au carrefour de genres littéraires saura passionner et combler un large public avide d'inattendu et d'originalité.
Pour Maya Flandin, Ici, ça va de Thomas Vinau chez Alma Editeur. Une histoire simple, celle d'un couple qui se construit un petit coin de paradis, servie par une écriture limpide et fluide. "Un livre qui rend serein ."
Mot de l'éditeur
Un jeune couple et leur chien s'installent dans une modeste maison laissée à l'abandon. Ils l'ont acheté pour changer de vie, mais aussi parce que l'homme y a passé une partie de son enfance. Un " retour à la terre " s'affirmant également à un retour aux valeurs de curiosité et d'enchantement irriguant cette période de la vie, que Thomas Vinau sait intelligemment illustrer de son style à la poésie simple, dépouillée et attentive.
Ici ça va est une sorte de journal où les chapitres sont des instantanés sur les moments ineffables mais essentiels de la vie, sur ces petits bonheurs qui s'accumulent délicieusement et font le Bonheur lui-même. L'auteur excelle à montrer un narrateur se ré-enchantant du monde - en jardinant, en cuisinant des tartes aux fruits, en observant les variations de lumière, ou encore en s'enivrant d'odeurs nouvelles ou oubliées.
Un livre cultivant la poésie du quotidien et de l'ordinaire pour en dévoiler tout l'extraordinaire, pour mieux montrer que l'aventure n'est plus au coin de la rue mais plutôt dans un simple coin de nature.
Mort d'un jardinier de Lucien Suel chez Folio vient de reparaître. L'histoire d'un homme qui tombe malade et voit défiler sa vie. Un style parfait, limpide et simple.
Mot de l'éditeur
Tu récoltes ce que tu as semé, tu commences par le rouge et le vert, premiers radis, premières laitues, gotte jaune d'or ou reine de mai, d'abord des feuilles tendres comme du papier de soie, presque transparentes puis qui bouclent comme des oreilles, d'un vert moyen qui s'approfondit encore à l'extérieur alors que le cœur de la salade enfle et blanchit, un cœur qu'on peut arracher aussitôt avec les dents et croquer naturellement dans le jardin en l'assaisonnant avec une tige de jeune échalote, tu t'accroupis devant les cosses de petits pois à disputer aux ramiers, tu passes une matinée à arracher et préparer les poireaux repiqués l'an passé en juillet qui ont poussé à travers l'hiver..."
Le narrateur de ce roman s'adresse à un homme au travail dans l'espace clos de son jardin. Un accident cardiaque frappe le jardinier. Dès lors, un flot traverse sa conscience. Images, sons, odeurs, souvenirs, réminiscences littéraires et musicales, sensations, visions se succèdent et s'entremêlent tandis qu'il s'éloigne, au fil du temps et des mots, des êtres qu'il a aimés.
Une fois n'est pas coutume, on termine avec le choix de Valérie Expert qui nous conseille le dernier livre de Philippe Delerm, "Je vais passer pour un vieux con et autres petites phrases qui en disent long", au Seuil. "Un livre drôle, un bonbon, un petit moment de douceur ..." promet Valérie Expert. "Je vais passer pour un vieux con", "Quand on est dedans", " elle est bonne" , "Je vais relire Proust", "Les mots sont dérisoires"... Oui, dérisoires, les mots le sont sans doute : banalités lancées sans même y penser, petites phrases toutes faites qui viennent combler les trous de nos discours automatiques. Et pourtant, comme elles disent de nous – de nos faiblesses, de nos suffisances, de nos complicités, tous ces révélateurs de notre comédie humaine. Admirateur de Saint-Simon et de Proust, Philippe Delerm se plaît, comme eux, à poser le doigt sur les travers de ses contemporains, sur les détails dont on fait un monde. Lecteur de Jules Renard (particulièrement de son Journal) et La Bruyère, il a le goût des portraits et des petites phrases qui dévoilent l'esprit d'une époque. On connaissait Delerm observateur, promeneur amusé ou nostalgique. On le découvre parfois acide, drôle, emporté. Les mots sont pour lui une affaire sérieuse. Au fond, rien n'est jamais dérisoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.