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"Le Petit Roi" de Mathieu Belezi

"Le Petit Roi" de Mathieu Belezi, réédité aux éditions Le Tripode, est le premier roman poignant, à l'écriture tendue, épurée et précise, de l'auteur aujourd'hui reconnu de "Attaquer la terre et le soleil". "Le Petit Roi" a été publié pour la première fois en 1998.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
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"A livre ouvert", le choix de Gilbert Chevalier, tous les dimanches dans "Les experts livres". (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Mathieu Belezi était totalement inconnu du public, il n'y a encore pas si longtemps. Il vient, coup sur coup, d’obtenir deux prix prestigieux, celui du journal Le Monde en septembre dernier, et le prix du Livre Inter, début juin, pour le même roman, Attaquer la terre et le soleil, roman sur la conquête de l'Algérie par l'armée française.

Attaquer la terre et le soleil, ce sont les parcours d'un militaire et d'une femme, colons, qui traversent l’Algérie dans des conditions très dures. La vision d’une colonisation d'une extrême violence dans les années 1840. Mathieu Belezi sort donc de l'ombre, et on découvre son écriture d'une très grande précision. Les éditions Le Tripode se sont lancées dans la réédition de l’ensemble son œuvre, en commençant par son premier roman datant de 1998, Le Petit Roi, publié alors, aux éditions Phébus.

Une tragédie à venir

Le Petit Roi est un récit très court de 110 pages, parfaitement ciselées, qui raconte comment, à la  fin des années 50, un garçon d’une douzaine d’années, Mathieu, part vivre chez son grand-père en Provence, abandonné par sa mère. On devine une situation familiale passée, avec beaucoup de violences et de scènes de chaos entre ses parents, fugitivement évoquée. Chez son grand-père, chaque jour, il parcourt huit kilomètres à vélo, pour aller dans un collège catholique, où il s'ennuie.

L'enfant est meurtri, même si son grand-père – paysan taiseux, qui mène une vie âpre dans cette Provence qui n’avait alors rien de touristique – est aimant et affectueux. La douleur de l'enfant est profonde, et son ressentiment se manifeste par un sadisme et des comportements parfois erratiques. Il rêve de sa mère, de son odeur, de son attention, de son affection, mais elle ne vient  jamais ou presque ; on devine une tragédie à venir, et elle viendra.

Mathieu Belezi, dans ce roman, décrit la cruauté du monde ressenti par un enfant qui ne comprend pas tout. L’époque, d’évidence, n’était pas aux explications psychologisantes. Mathieu Belezi y décrit la sexualité naissante et la violence des désirs, le besoin d’amour, les faux-semblants.


Ce roman, comme d'autres, sur cette enfance qui à la veille de l’adolescence se sent mal aimé, s'interroge sur la responsabilité des adultes. Le texte rappelle, de loin, d'autres romans Jeux interdits pour le décor, ou pourquoi pas Les 400 coups, pour le malaise ressenti par l’enfant.

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