Cet article date de plus de treize ans.

"Adieu", grand polar de Jacques Expert

La sélection de la semaine et le coup de gueule de Gérard Collard concernant la sélection Goncourt.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 7min
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  • Maya Flambin, de la librairie Vivement Dimanche

    • Gérard Collard, de la Griffe Noire, à Saint-Maur.

    Avant la sélection de nos libraires, un coup de gueule concernant l'éviction de la sélection du Goncourt du dernier livre d’Emmanuel Carrère Limonov, livre coup de poing.

    Adieu de Jacques Expert, aux éditions Sonatine

    2001, Châtenay-Malabry.
    Une mère, son fils et sa fille sont retrouvés assassinés à leur domicile. Une famille apparemment sans histoires. Le père est porté disparu. Est-il lui aussi victime ou bien coupable ? Les recherches s'organisent, sous la direction du commissaire Langelier. Un mois plus tard jour pour jour, c'est au tour d'une seconde famille, tout aussi ordinaire, d'être abattue dans des circonstances identiques. Là aussi le père est introuvable.
    Presse, politiques, police, les avis sont unanimes, un tueur en série est à l'oeuvre. Seul Langelier s'entête à concentrer tous ses efforts sur la piste des pères, qu'il soupçonne d'être à l'origine des massacres. Devant son obstination et son manque de résultats, son supérieur et ami, le commissaire Ferracci, est obligé de lui retirer l'affaire. Commence alors entre les deux hommes un combat larvé, chacun s'efforçant de démontrer sa propre vérité, un combat qui tourne bientôt à l'obsession et qui ne prendra fin que dix ans plus tard avec la révélation d'une incroyable réalité.
    _ Comme dans ses trois précédents romans, Jacques Expert met en scène avec maestria le quotidien de personnages en apparence ordinaires mais dont la face cachée révèle d'insoupçonnables noirceurs.

    Mont Blanc de Fabio Viscogliosi aux éditions Stock

    Fabio Viscogliosi revient sur l’événement qu’il évoquait sans le nommer dans Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit, la mort de ses parents dans « l’incendie du 24 mars 1999 sous le tunnel du mont Blanc » qui fit 39 victimes. L’accident, l’enquête, les conclusions du juge d’instruction, les articles de presse, le procès et la façon dont une société entière s’empare de l’événement sont au coeur du récit, mais surtout la réalité intime et quotidienne à laquelle le narrateur doit faire face : vider la maison de ses parents, débroussailler le jardin à l’abandon, rendre visite à l’avocat, tenter d’ouvrir une malle récalcitrante, et se trouver confronté à de nombreux signes et coïncidences qui viennent réinterroger les circonstances de la mort de ses parents, à jamais un mystère. Fabio Viscogliosi, dans ce récit mobile, tendu et tendre à la fois, sonde les variations de sa pensée ainsi que ses différentes humeurs pendant les années qui ont suivi, mais dit aussi son retour au monde et son désir de vivre.
    _ Pourquoi a-t-il la sensation d’être désormais poursuivi par le mont Blanc, véritable personnage qu’il érige en métaphore littéraire ? Qu’est-ce qu’appartenir à la communauté des orphelins et s’apparenter à David Copperfield ? Pourquoi, à l’heure où ses parents disparaissaient, il achetait l’album de Kraftwerk, Autobahn ? Et surtout quel sens faut-il voir dans le fait que son père et sa mère sont morts ensemble, « en amoureux », précisément à la frontière qui relie la France et l’Italie, pays de l’origine ? Autant de questions avec lesquelles l’auteur chemine en compagnie de Borgès, Kerouac, Daumal, Fitzgerald ou Cary Grant, Annie Ernaux ou Wim Wenders, dont la présence et la façon d’interroger le monde font écho à la traversée puissante et bouleversante que nous livre Fabio Viscogliosi.

    A table avec Louis de Funès - 60 recettes bien de chez nous de Claire Dixsaut chez Agnès Viénot.

    L'acteur chouchou des Français serait-il un colossal gourmand ? Au cours de sa filmographie, Louis de Funès brave l'armée allemande pour une part de gâteau, déjoue un enlèvement politique en plongeant dans une cuve de chewing-gum et repousse une invasion d'extra-terrestres à coups de soupe aux choux.
    Il faut le faire. Passons à table avec Louis de Funès, directeur du Grand restaurant, couvant son soufflé aux pommes de terre et sa pyramide à la Septime. Poursuivons avec L'aile ou la cuisse où le patron du guide gastronomique enchaîne les dégustations à risques, de l'entrecôte de l'Auberge de la Truite à la choucroute garnie Tricatel, garantie sans pustules. Nous ferons un détour par Saint-Tropez pour goûter les oursins de l'adjudant.
    Nous plongerons la tête la première dans le cheesecake de Rabbi Jacob. Et vers minuit, dans l'hôtel du Globe occupé par les SS, nous descendrons aux cuisines nous faire un petit plateau, avec le poulet de l'entrecôte et la charlotte aux pommes du général allemand. Sans oublier qu'avant La grande vadrouille, il y a vingt ans de petits rôles. Louis de Funès apparaît tantôt braconnant des faisans à l'orange, tantôt garde-pêche mesurant des brochets de 34 centimètres.
    Déjà, dans La traversée de Paris, il avait pour partenaire un cochon de deux cents livres... Au terme de notre promenade dans ces petits plats bien de chez nous, il sera l'heure de remonter dans notre soucoupe volante, munis d'un bidon d'authentique soupe aux choux de l'amitié. "Ça nous fait même des gentillesses dans la tête. Tu veux qu'ti dise, ça rend meilleur".

    Désolations de David Vann chez Gallmeister.

    Sur les rives d'un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes.
    Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, toute à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s'annonce un hiver précoce et violent qui rendra l'îlot encore plus inaccessible.
    Après Sukkwan Island, couronné par le Prix Médicis 2010, le second roman de David Vann est une œuvre magistrale sur l'amour et la solitude. Désolations confirme le talent infini de son auteur à explorer les faiblesses et les vérités de l'âme humaine.

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