Réforme des retraites, référendum, dissolution et "méga-bassines"... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Olivier Faure
Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste, était l'invité du 8h30 franceinfo, mardi 28 mars 2023. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Réforme des retraites : "Je ne dis rien à un Conseil constitutionnel qui est censé être totalement indépendant, mais il a tous les motifs pour invalider ce projet"
Alors que les opposants à la réforme des retraites se retrouvent pour une dixième journée de mobilisation partout en France ce mardi, la réforme est actuellement examinée par le Conseil constitutionnel qui rendra sa décision d'ici à trois semaines. "Je ne dis rien à un Conseil constitutionnel qui est censé être totalement indépendant, mais il a tous les motifs pour invalider ce projet", a développé Olivier Faure. Toutefois, en cas de validation du texte par les Sages, "tout le monde acceptera la décision, y compris La France insoumise (LFI)", a assuré le numéro un du PS.
Olivier Faure a précisé qu'il préférait l'option du référendum afin de trancher la question des retraites. "Quand le président ne veut pas trancher une question et ne veut pas reculer par le retrait [de la réforme des retraites], eh bien ça suppose qu'on donne la parole aux Françaises et aux Français", a-t-il expliqué. "Je préférerais que le président de la République admette le fait qu'il y a un blocage dans le pays parce qu'il a lui-même conduit à cette impasse. Et donc, pour sortir de l'impasse, il faut un référendum. Que les Français puissent se saisir de cette question et disent oui ou non pour la réforme à 64 ans", a-t-il ajouté.
Olivier Faure a en outre assuré qu'il n'avait "pas peur d'une dissolution" de l'Assemblée nationale, malgré le sondage Ifop/Fiducial pour le JDD et Sud Radio, publié dimanche, et qui donne 26% des suffrages au Rassemblement national en cas de nouvelles élections législatives.
Violences en marge des manifestations : "À l'évidence, il y a aujourd'hui un problème de maintien de l'ordre"
"À l'évidence, il y a aujourd'hui un problème de maintien de l'ordre", a-t-il affirmé. "Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Conseil de l'Europe, le Défenseur des droits, c'est Amnesty, c'est la Ligue des droits de l'homme. Ce sont tous ceux qui sont aujourd'hui des observateurs attentifs de ce qu'il se passe en France et qui dénoncent une pratique qui est outrancière", a-t-il expliqué.
Après les manifestations contre la réforme des retraites du 23 mars qui ont été émaillées d'incidents violents, avec 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés, les tensions se sont déplacées samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour une manifestation contre les bassines, où deux manifestants sont ce mardi entre la vie et la mort. "Je condamne toutes les violences et d'où qu'elles viennent", a-t-il rappelé. "Il y a toujours des gens qui sont là pour en découdre", selon Olivier Faure pour qui "les casseurs avaient été maîtrisés jusque-là". "Ce que je reproche au gouvernement, c'est d'avoir procédé à des interpellations tous azimuts, on tape dans le tas", a-t-il déploré.
Mégabassines : "Ce qu'il faudrait, c'est un changement de modèle agricole"
Interrogé sur les "bassines", ces vastes réservoirs dédiés à l'irrigation des cultures et contestée par des écologistes et une parité du monde agricole, Olivier Faure a considéré qu'"il faudrait un changement du modèle agricole". "Il y a une forme de privatisation de l'eau puisque c'est 4 à 5 % des agriculteurs qui bénéficieront de ces bassines", a-t-il développé. "Sur les sommes qui sont déversées sur ces deux grandes bassines" dans le département des Deux-Sèvres, "eh bien, vous avez une toute petite, une infime goutte qui va sur la transformation vers l'agroécologie, l'agriculture bio, etc.", a-t-il insisté.
Pour le patron du PS, il convient de "fermer" les bassines qui ont été construites illégalement. Il appelle d'ailleurs le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à "faire respecter le droit et la loi en allant fermer ces bassines qui sont illégales". La justice a refusé le remplissage de cinq bassines à 13 agriculteurs, pointant notamment le manque de précision quant aux conséquences sur les nappes phréatiques et les rivières.
Législative partielle en Ariège : "Seule l'union (de la gauche) permet la victoire"
"Tous ceux qui sont contre la Nupes", ne soutiennent pas Bénédicte Taurine, la candidate étiquetée de l'alliance de gauche (LFI, PS, PCF et EELV) opposée à la socialiste dissidente Martine Froger au second tour de l'élection législative partielle en Ariège, a souligné le numéro un du Parti socialiste, visant notamment son vice-président Nicolas Mayer-Rossignol. Le maire de Rouen "s'affranchit de tous les engagements qu'il a pu prendre" après le congrès national du Parti socialiste, a expliqué Olivier Faure. Pour le premier secrétaire du PS, "seule l'union permet la victoire".
L'occasion pour lui de se projeter jusqu'à l'élection présidentielle de 2027. "Quand vous n'avez pas le rassemblement, vous avez la défaite au bout et moi, je ne veux plus la défaite", a-t-il insisté. "Je ne veux pas laisser le pouvoir à Marine Le Pen dans quatre ans. Je me bats chaque jour pour que la gauche soit au rendez-vous de 2027."
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