Réforme de l'assurance chômage : "C'est l'occasion de tout remettre à plat", juge le président du Medef
Geoffroy Roux de Bézieux, invité lundi de franceinfo, propose une allocation universelle et un régime assurantiel géré par les partenaires sociaux.
Au moment où les négociations s'ouvrent entre le gouvernement et les partenaires sociaux sur une réforme de l'assurance chômage, le président du Medef, fait plusieurs propositions. Invité de franceinfo, lundi 3 septembre, Geoffroy Roux de Bézieux préconise une allocation universelle et un régime assurantiel complémentaire géré par les partenaires sociaux. Il estime que l'assurance chômage "n'est plus une assurance". "C'est l'occasion de tout remettre à plat", a-t-il souhaité, évoquant une assurance complémentaire, comme dans la retraite. "Pour les retraites, ça marche, puisque le régime complémentaire de retraite est à l'équilibre et a été bien géré", a-t-il affirmé.
Pascal Pavageau, le secrétaire général de FO, a rappelé qu'il voulait négocier autour du bonus-malus afin de taxer les entreprises qui abusent des contrats courts. "Vous pouvez toujours taxer les contrats courts, il y a deux scénarios : soit vous renchérissez le coût du travail et vous mettez des entreprises en faillite, soit les gens sont employés au noir parce qu’on n’a pas les moyens de payer", a estimé Geoffroy Roux de Bézieux. "L'idée est de dire que je taxe et que le comportement va changer. Mais, le problème c'est que le comportement est lié au business-modèle, à l'activité. Donc, la réponse par branche elle est bonne et pas bonne. Ce que le gouvernement envisage ce sont des méga-branches. Si, on met ça par convention collective, on peut peut-être y arriver", a ajouté le président du Medef.
Des réticences sur le prélèvement à la source
Alors que l'exécutif doit dire incessamment s'il lance ou non le prélèvement à la source début 2019, le président du Medef a montré des désaccords avec les options de la réforme, mais aussi un accord peu habituel. "Il y a un problème de confidentialité entre l'employeur et l'employé", a-t-il déclaré, se montrant ainsi sur la même ligne que le leader de la France insoumise. "Pour une fois, je suis d'accord avec Jean-Luc Mélenchon, l'employeur n'a pas à connaître les revenus du foyer fiscal de son employé. C'est une évidence", a-t-il estimé.
"Si c'est une mauvaise réforme, il vaut mieux renoncer avant qu'après", a ajouté Geoffroy Roux de Bézieux. Il a indiqué que "les entreprises devraient être à peu près prêtes", prévoyant toutefois "des bugs". Le président du Medef a également estimé qu'il "aurait fallu simplifier l'impôt sur le revenu avant de faire cette réforme".
L'écologie : "un point central" du Medef
Interrogé sur le profil du successeur de Nicolas Hulot, démissionnaire, Geoffroy Roux de Bézieux a dit vouloir avant tout, une feuille de route en matière d'écologie. "L'écologie, je veux en faire un point central du Medef", a-t-il affirmé, précisant que ce qui compte, "c'est la visibilité, le chemin de la transition", avec "un mouvement européen", pour ne pas isoler la France.
Lors de sa démission, Nicolas Hulot a dénoncé l'influence des lobbies sur les mesures environnementales. "Je ne veux pas laisser dire que seul le gouvernement est dépositaire de l'intérêt général", a déclaré le président du Medef.
"C'est vrai dans tous les pays du monde. L'intérêt général se combine, entre ce qu'on appelle d'ailleurs à tort en France les lobbies, entre différents centres d'intérêt. Le Medef est un lobby, Les amis de la Terre est un lobby. L'intérêt général c'est la combinaison de tous les intérêts catégoriels. Le rôle de l'État c'est de trouver le commun dénominateur", a déclaré le président du Medef. Geoffroy Roux de Bézieux a estimé qu'il n'y a "qu'en France qu'on croit que c'est l'État tout puissant qui décide ex-voto où est le bon, où est le mauvais".
Regardez l'intégralité de l'entretien du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, sur franceinfo, le 3 septembre 2018.
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