Plan de "l'après-guerre" à Gaza, influence diplomatique en Israël et hommage à Jacques Delors... Le 8h30 franceinfo d'Hubert Védrine

L'ancien ministre des Affaires étrangères était l'invité du 8h30 franceinfo, vendredi 5 janvier 2024.
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Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, était l'invité du 8h30 franceinfo, vendredi 5 janvier 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, était l'invité du 8h30 franceinfo, vendredi 5 janvier 2024. Plan de "l'après-guerre" à Gaza, influence diplomatique en Israël et hommage à Jacques Delors... Il répondait à Jean-Rémi Baudot et Agathe Lambret.

Guerre Israël-Hamas : "La bataille de l'après" a commencé alors qu'un plan sur l'avenir de Gaza a été dévoilé

Le plan du ministre israélien de la Défense au sujet de l'après-guerre à Gaza marque "le début de la bataille de l'après", estime Hubert Védrine. Le gouvernement israélien, qui doit donner son aval à ce plan, est divisé sur l'avenir de l'enclave palestinienne. Contrairement à certains de ses collègues ministres, Yoav Gallant le voit sans colons israéliens. Son plan préconise en effet qu'"il n'y aura pas de présence civile israélienne dans la bande de Gaza après l'atteinte des objectifs de la guerre".

"Ce n'est pas le pire des plans", réagit Hubert Védrine. "Les pires, ce sont les gens qui raisonnent comme les Américains face aux Indiens pendant la colonisation", ceux qui "veulent faire partir les deux millions d'habitants de la Cisjordanie, mettre la main sur Gaza, réinstaller des colons à Gaza".

L'ancien chef de la diplomatie française, sous François Mitterrand, fait allusion à Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, et à Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances. Le premier a appelé lundi à un retour de colons juifs à Gaza après la guerre en cours, et à "encourager" la population palestinienne à émigrer, au lendemain d'un appel similaire du second.

Pression diplomatique en Israël : "La voix de personne" n'a pesé

Pour Hubert Védrine, une autre "bataille" se joue en ce moment, en Israël. "Est-ce que [le Premier ministre] Benyamin Nétanyahou va rester ? Selon qu'il reste ou pas, ça déclenchera ou pas un nouveau processus de solution", analyse-t-il. S'il quitte le pouvoir, "une sorte de réalisme autour du compromis territorial va se réimposer à un moment ou un autre".

Il réagit enfin aux efforts diplomatiques déployés depuis le début du conflit israélo-palestinien, et notamment à la cinquième visite officielle en Israël du chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken. "La voix de personne [n'a pesé]", pas même celle des États-Unis. S'ils avaient été entendus, "il y aurait un petit État palestinien depuis 30 ans, qui serait d'ailleurs associé, à mon avis, à Israël et à la Jordanie dans une confédération régionale dynamique", regrette-t-il.

Hommage à Jacques Delors : "Aucun président de la Commission européenne n'a fait aussi bien depuis"

"C'est un homme magnifique", déclare Hubert Védrine au sujet de Jacques Delors, ancien ministre et ex-président de la Commission européenne, décédé le 27décembre à l'âge de 98 ans. Un hommage national, présidé par Emmanuel Macron, est rendu vendredi à celui qui avait renoncé à se présenter comme candidat de gauche à l'élection présidentielle de 1995. Pour Hubert Védrine, il a été un "formidable" président de la Commission européenne. "Il y a une nostalgie géante, parce qu'aucun président de la Commission n'a fait aussi bien que lui depuis."

En ce qui concerne l'héritage de Jacques Delors, sur le plan politique et sur le plan européen, Hubert Védrine est plus réservé. "Il a un très beau parcours, peut-être encore plus sur le plan humain et social qu’européen. Mais est-ce que c'est transposable à l'Europe d'aujourd'hui ? Est-ce qu'on peut en tirer des leçons politiques ? C'est moins évident."

Selon lui, Jacques Delors ne laisse pas un "héritage politiquement transposable de manière mécanique", mais plutôt un héritage intellectuel : "Une inspiration, un esprit européen, qui est contre les nationalismes étroits, les égoïsmes étriqués". Emmanuel Macron "aura raison" de revendiquer cet héritage-là lors de l'hommage national solennel aux Invalides.

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