Marche contre l'antisémitisme, régularisation des travailleurs sans-papiers... le "8h30 franceinfo" de Manuel Valls
Manuel Valls, ancien Premier ministre et ancien ministre de l'Intérieur, était l'invité du "8h30 franceinfo" mercredi 8 novembre 2023. Grande marche contre l'antisémitisme, régularisation des travailleurs sans-papiers... Il répondait aux questions de Jérôme Chapuis et Salhia Brakhlia.
Marche contre l’antisémitisme : il faut "un sursaut" face "au tsunami de ces actes antisémites"
Manuel Valls appelle à "un sursaut, une prise de conscience sur ce que nous sommes en train de vivre", face "au tsunami de ces actes antisémites, judéophobes". L'ancien Premier ministre constate que "la haine des Juifs, la haine d'Israël se répand dans notre pays".
L'ancien Premier ministre sera "évidemment" présent dimanche à la marche contre l'antisémitisme et salue l'"acte politique" de Yaël Braun-Pivet [présidente de l'Assemblée nationale] et de Gérard Larcher [président du Sénat] qui appellent à cette marche contre l'antisémitisme dimanche.
"L'antisémitisme, c'est chez nous", martèle-t-il. Manuel Valls rappelle ainsi "les actes antisémites, les croix gammées dessinées sur des portes", les maisons "signalées parce qu'il y a des Juifs", les messages de haine sur les réseaux sociaux "où on crie 'Mort aux Juifs". "C'est dans ce pays des Droits de l'Homme, poursuit-il, mais qui a connu aussi l'affaire Dreyfus et les décrets anti-Juifs de Pétain. C'est en France".
Présence du RN à la marche contre l'antisémitisme : "cette manifestation doit déborder tous les petits débats"
Concernant le fait que le RN a annoncé qu'il participerait à cette marche, Manuel Valls répond que c'est avant tout "un appel au rassemblement de tous les Français". Il assure connaître "les racines et l'idéologie fondatrice du RN" mais se défend, expliquant que "ce sont eux qui décident de venir" à la marche. Malgré tout, pour l'ancien Premier ministre, "dans ce moment très grave", ce qui prime, c'est la mobilisation d'un maximum de Français.
"Je manifesterai avec ceux qui partagent mes valeurs", poursuit-il. Manuel Valls ne donnera "jamais" un "passeport de probité à l'extrême droite" et dit ne pas ignorer que "madame Le Pen, monsieur Bardella et le RN, manifestent aussi d'une certaine manière leur rejet des musulmans". Manuel Valls se dit donc conscient de tout cela, mais insiste sur le fait que "cette manifestation doit être puissante pour déborder tous les petits débats".
Régularisation des travailleurs sans-papiers : il "faut garder l'esprit de la circulaire [Valls]"
"L'article 3, avec ce droit opposable [à la régularisation] ne me paraît pas indispensable", juge Manuel Valls. Depuis lundi, le projet de loi asile et immigration est examiné au Sénat où la majorité, LR et centristes, a trouvé un compromis pour supprimer cet article sur les régularisations des travailleurs sans-papiers dans les métiers dits "en tension".
Les Républicains ont accepté que cet article soit remplacé par un autre prévoyant lui aussi des régularisations de travailleurs sans-papiers dans les métiers dits "en tension" mais au cas par cas, à la discrétion des préfets. "Pour gagner en efficacité contre l'immigration clandestine", Manuel Valls estime qu'il "faut garder l'esprit de la circulaire" qui porte son nom, "quitte à la modifier, y compris à la durcir".
Selon l'ancien ministre de l'Intérieur, il "faut garder de la souplesse pour régler des situations, car il y a des situations insupportables concernant des travailleurs" sans-papiers. Une souplesse octroyée par la circulaire Valls, estime-t-il. "Il faut la garder et laisser la main aux préfets", considère Manuel Valls.
Manuel Valls répète "qu'il faut trouver un accord entre le Sénat et l'Assemblée nationale, entre la majorité présidentielle et la majorité sénatoriale" sur ce projet de loi immigration, car "les Français soutiennent plutôt ce texte". Sans cet accord, estime-t-il, "il y aura encore un sentiment d'impuissance".
"Supprimer complètement l'aide médicale d'État serait irresponsable"
À 200 voix pour et 136 contre, le Sénat a adopté mardi la suppression de l'aide médicale d'État (AME) réservée aux sans-papiers pour la transformer en "aide médicale d'urgence". Manuel Valls n'y est pas opposé. L'AME "coûte un peu plus d'un milliard d'euros par an. L'idée, comme c'est le cas dans d'autres pays, de la limiter", sans la supprimer, tient-il à rappeler. Cette aide sera "préservée pour les maladies graves et les douleurs aiguës, la grossesse, les vaccinations, la médecine préventive".
L'ancien Premier ministre considère que "supprimer totalement" l'AME "serait totalement irresponsable", car cela "pourrait diffuser toute une série de pathologies dans notre pays".
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