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Enseignant décapité : "La société française est gangrenée, fracturée, par cet islamisme" pour Manuel Valls

Manuel Valls, ancien Premier ministre, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 17 octobre 2020. 

Article rédigé par franceinfo
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Manuel Valls était l'invité de franceinfo, samedi 17 octobre 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Manuel Valls, ancien Premier ministre était l'invité du "8h30 franceinfo" samedi 17 octobre 2020... Il répond aux questions de Matteu Maestracci et Savéria Rojek. L'ancien Premier ministre et ministre de l'Intérieur a d'abord affirmé samedi 17 octobre sur franceinfo que "la société française était gangrenée, fracturée par cet islamisme" alors qu'un professeur d'histoire qui avait montré les caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo à ses élèves a été décapité vendredi à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). 

franceinfo : Quelle est votre réaction après cet acte terroriste ?  

Manuel Valls : Comment ne pas être touché, bouleversé, effrayé par cet acte odieux ? Je pense, comme chacun d'entre nous, à cet enseignant, à sa famille et à ses proches, à ses collègues, à tous les profs de France, aux élèves qui sont touchés, bouleversés par ce qui s'est passé. L'Union nationale est toujours indispensable, notamment pour lutter contre le terrorisme. J'avais rappelé, il y a quelques années après les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge (Hauts-de-Seine) et de l'Hyper Cacher, devant des jeunes lycéens -cela m'avait été reproché- que cette guerre contre le terrorisme, contre l'islamisme, contre l'islam politique, allait être une guerre longue, difficile parce que la société française est gangrenée, fracturée par cet islamisme.

Il ne faut pas non plus s'étonner. Je suis prudent avec mes propos en mettant bien sûr tous les guillemets nécessaires, mais je ne suis pas non plus surpris par ce qui s'est passé, parce que c'est dans les modes opératoires des jihadistes. C'est dans les modes opératoires préconisés par l'État islamique, c'est-à-dire s'attaquer avec une voiture, un camion, un couteau aux symboles de la France, de la République et de ses valeurs.  

Qui est l'ennemi de la France ?  

Manuel Valls : L'ennemi, c'est l'islamisme. C'est l'islam politique qui nous a déclaré la guerre. C'est un ennemi extérieur qui est toujours présent en Syrie, en Irak, qui se reconstitue d'une manière ou d'une autre en Libye notamment avec le soutien turc, qui est présent au Sahel et qui est présent surtout parmi nous. Ce sont des individus qui vivent chez nous, qu'ils soient français ou non, qu'ils soient en prison ou non. Ce sont des milliers de personnes aujourd'hui qui se sont radicalisés et donc certains, un nombre non négligeable, peuvent passer à l'acte. C'est ça l'ennemi. Et puis l'ennemi, c'est parfois nos propres lâchetés. Le rapport de Jean-Louis Obin, inspecteur général de l'Éducation nationale, ce républicain de gauche comme il se définit, est très clair sur la pénétration de l'islamisme dans nos écoles. Que fait-on notamment par rapport à cet enseignement de la liberté de la presse et de la liberté de penser ? Ce professeur est mort parce qu'il enseignait la liberté de penser, la liberté de la presse.  

Comment la classe politique peut se mobiliser ?  

Manuel Valls : Comme nous allons vivre avec cette guerre, comme nous allons vivre avec cette menace terroriste, comme nous allons connaître d'autres actes terroristes, il faut continuer cette mobilisation. Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer mène une action résolue : la formation des enseignants pour les futurs professeurs sur les questions de laïcité, d'enseignement des caricatures, de la liberté de la presse, de la liberté de penser, ce qu'il faut dire dans les classes. Il faut affronter cette montée.

Si c'est une guerre, il faut affronter le problème avec nos moyens : le droit, l'État droit, la liberté, le respect des uns les autres. La France, c'est la possibilité de croire ou de ne pas croire. L'Islam est la deuxième religion de notre pays. Chacun a le droit de s'épanouir, mais il y a quelque chose de plus fort qui nous réunit, ce sont les valeurs de la République, c'est la laïcité, c'est la possibilité de croire, c'est la liberté de caricaturer. Au lieu de se réfugier, d'avoir peur d'en parler, il faut affronter ce sujet et dire que nous sommes tous Charlie à l'école comme dans la société, brandir, ce qui a été le symbole de Charlie Hebdo. Chacun doit comprendre qu'à travers Charlie Hebdo ou à travers cet enseignant, c'est la France et la République, ses valeurs, son message universaliste qu'on attaque.

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