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La baisse des impôts de 6 milliards d'euros en 2019 est "de l'enfumage complet" fustige Hervé Morin

Le président centriste de la Région Normandie et président de Régions de France, était l'invité du 19h20 politique lundi. Il a réagi à la présentation du budget 2019 par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Hervé Morin, le 24 septembre 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO)

"C'est de l'enfumage complet" a déclaré lundi 24 septembre sur franceinfo, Hervé Morin, président centriste de la Région Normandie et président de Régions de France, après la présentation du projet de budget 2019 en Conseil des ministres.

Un budget qui annonce une baisse d'impôts de six milliards d'euros pour les ménages mais aussi des hausses de taxes sur les carburants et sur le tabac, évaluées par Bercy à 2,3 milliards d'euros. "En clair, nos compatriotes qui ont perdu du pouvoir d'achat en 2018 n'en gagneront pas en 2019", a-t-il poursuivi.

franceinfo : Le gouvernement parle de 6 milliards d'euros de baisse des impôts pour les ménages. Cette baisse est-elle réelle dans ce budget 2019 ?

Hervé Morin : C'est de l'enfumage complet parce que quand vous regardez les volumes, vous voyez bien que hausse et réduction de l'impôt s'équilibrent à peu-près. Il y a la baisse de la taxe d'habitation autour de 3,5 milliards d'euros. La cotisation sociale simplement pour les actifs qui représente entre 2 milliards et deux milliards et demi. Et de l'autre côté, vous avez la hausse du tabac : 1,3 milliard d'euros, la hausse de l'essence et du gazole, trois milliards. On a enfin ce que le gouvernement n'évoque pas, le fait que vous n'indexez plus les prestations familiales et les retraites sur l'inflation, ce qui représente grosso modo une perte de trois milliards d'euros. En clair, nos compatriotes qui ont perdu du pouvoir d'achat en 2018 n'en gagneront pas en 2019. Les retraités continuent d'être les dindons de la farce dans cette histoire.

Vous qui êtes libéral, êtes-vous satisfait des baisses d'impôts massives, ou des baisses de cotisations pour les entreprises, de près de 20 milliards d'euros ?

Les allègements de cotisations sociales pour les entreprises sont dues au fait que le CICE et la réduction permanente des cotisations sociales se percutent la même année. En réalité, c'est une baisse de 20 milliards sur l'année 2019, mais pas 20 milliards de plus que ce qui a été fait du temps de François Hollande. C'est simplement le fait qu'il y a la conjonction de deux mesures qui arrivent en même temps.

J'ai eu beaucoup d'espoir quand le chef de l'Etat a été élu sur une nouvelle gouvernance publique. J'ai espéré que la France s'inscrive dans la modernité. Il a été le président des start-up, l'expression de l'horizontalité de l'innovation, du système collaboratif, et il est devenu le président de l'imperium absolu, de la verticalité du pouvoir dont on sait qu'au bout du compte, elle est source d'inefficacité, de lenteur et d'absence de réactivité.

Si on ne redresse pas le pays, l'issue est ce qui s'est passé en Italie avec l'arrivée au pouvoir des nationalistes. Il faut donc avoir une gouvernance où on associe les pouvoirs locaux et les pouvoirs nationaux.

Comme Valérie Pécresse, pensez-vous qu'il y a trop de doublons entre l'Etat et les collectivités locales et que cela coûte de l'argent ?

Il y a plus que ça. Il y a le fait qu'en France, nous sommes dans un pays décentralisé, mais avec toujours un peu de poivre et de sel centralisés. Quand l'Etat a transféré des compétences aux collectivités au nom de l'efficacité de l'action publique, comme le font tous les pays européens qui marchent, les gouvernements successifs ont toujours gardé un brin et un zeste de compétences, de services etc.

On a besoin d'une clarification. Là où on estime que la proximité doit être mise en œuvre, il faut transférer complètement les compétences. La proximité, c'est le gage de l'efficacité, le gage de la capacité à différencier les politiques selon les territoires, le gage de la rapidité. Quand l'Etat va mettre un an pour prendre une décision, nous pouvons la prendre en quelques jours, voire en quelques heures.

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