: Vidéo Masques inexistants, WC inondés, expulsions retardées... L'inquiétude monte au centre de rétention du Mesnil-Amelot
Dans les centres de rétention administratives, des étrangers en situation irrégulière sont en attente d’expulsion alors que les frontières sont fermées. La contrôleure des lieux de privation de liberté demande la fermeture de ces lieux.
Nous avions officiellement demandé à pouvoir visiter le centre de retention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, situé à deux pas de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Faute de réponse, nous y sommes allés avec le député de La France insoumise, Eric Coquerel, qui a fait valoir son droit de visite. Il demande depuis des semaines la fermeture provisoire des CRA.
Dans ce centre, 59 étrangers en situation irrégulière étaient toujours retenus vendredi 1er mai. Chaque semaine, il y a de nouveaux arrivants - ils étaient 46 il y a trois semaines, selon Eric Coquerel - mais peu en sortent en ce moment. La plupart attendent une expulsion vers des pays en dehors de l’Europe, comme l’Algérie ou le Maroc. “Il n'y a pas de vols en ce moment, ils disent pas avant juillet ou septembre, alors qu’est ce qu’on fait avec nous ici ?" s'énerve un jeune retenu marocain.
En attendant une reconduite à la frontière, tous ces étrangers sont enfermés dans ce centre où les mesures barrières ne sont pas toujours faciles à respecter. Dans l'un des bâtiments, les sanitaires collectifs sont inondés et la fontaine à eau fonctionne par bouton poussoir. “C’est contraire aux gestes qu’on demande à l'extérieur, on nous dit de ne toucher à rien, et tous les jours ils viennent appuyer sur ce même robinet", constate Eric Coquerel. "J'essaie d'utiliser le coude" raconte un retenu d'origine roumaine, "mais des fois on glisse”.
Ce qui l'inquiète le plus, c'est que personne ne porte de masque, ni policier, ni retenu. Le Covid 19 est pourtant déjà entré dans un autre centre de la région parisienne. “Ceux qui viennent de l’extérieur ne sont pas testés, rien" raconte-t-il.
"On met en danger retenus et policiers"
Dans les couloirs, une affiche qui date du 4 mars dernier indique que les masques sont réservés aux soignants et aux malades, le reste de la population ne doit pas en porter. Une absence de masque qui scandalise Guillaume Dejean, délégué syndical Alliance 93 du CRA Mesnil-Amelot : “Pour nous, c'est une aberration de ne pas pouvoir protéger et de ne pas pouvoir se protéger dans l'enceinte du centre de rétention”.
Si certains centres ont déjà été fermés, le défenseur des droits tout comme la contrôleure des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, demande au ministère de l’intérieur de fermer provisoirement tous les centres de rétention administratives. “On les met en danger, on met en danger les agents qui s'occupent d'eux, et tout cela n'a aucun intérêt, ni aucune base légale, puisque de toute façon on ne les reconduira pas" explique Adeline Hazan.
Contacté, le ministère de l’interieur indique qu’il n’y a pas lieu de fermer tous les centres car, malgré la fermeture des frontières, des expulsions sont toujours possibles. Combien ont eu lieu depuis le début du confinement? Le ministère a refusé de nous le préciser.
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