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Vidéo Accompagnants d'enfants handicapés : ils sont sans salaire depuis la rentrée

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Durée de la vidéo : 3 min
L'oeil du 20h
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Ils travaillent dans nos écoles auprès d'élèves en situation de handicap. 72.000 aidants ont été recrutés par l'éducation nationale cette année, soit 5.000 de plus que l'an dernier. Mais certains, à une semaine des vacances, n'ont toujours pas été payés et n'ont même pas de contrat. 

En septembre dernier, la ministre chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, l’assurait : pour scolariser les enfants, tout était prêt. “Avec Jean-Michel Blanquer, on a anticipé cette rentrée, on a mis les moyens budgétaires, tous les moyens sont là pour répondre à toutes les notifications d’accompagnants qu’on avait”. Pourtant depuis dix jours, les accompagnants d’enfants en situation de handicap sont en colère, car si les moyens sont là, beaucoup d'entre eux n’en ont pas encore vu la couleur.

A Dieppe, chaque matin avant l’arrivée des élèves, c’est devenu un rituel dans l'école Sonia Delaunay : dérouler les banderoles puis enfiler les brassards où est écrit au feutre “AESH sans salaire”. Quatre AESH comme on dit, des accompagnantes d’éleves en situation de handicap, sont inquiètes. Depuis leur affectation en août, certaines n’ont signé aucun contrat, d'autres touché aucun salaire. “On nous plonge dans une précarité dans laquelle on devrait pas être. Je suis maman célibataire de trois enfants, si la paie tombe pas, mes enfants ne mangent pas”, s'inquiète Jennifer Leclerc. Mélodie Giffard, elle, assiste un petit garçon en CP, elle l’aide à comprendre les exercices, le motive. Pour 24h de travail par semaine en CDD, elle aurait dû toucher 750 euros net par mois, elle ne pourra pas tenir longtemps. “Je vais attendre jusqu'aux vacances mais, j'ai une famille à nourrir, des factures qui sont là, si je ne touche rien je devrai partir arrêter, trouver autre chose", prévient la jeune femme.

Voir partir ces assistantes, c'est l’angoisse des parents, comme Catherine Labsolu, maman d'un petit garçon de sept ans accompagné depuis cette année. "Depuis septembre, mon fils a complètement changé. Si du jour au lendemain, l'AESH me dit qu'elle part, mon fils sera perdu, il ne voudra même plus venir à l'école”, confie-t-elle.

Les conséquences de la réforme

Des AESH sans salaire, il y en au moins une centaine dans l’Académie de Rouen. Ils manifestaient hier devant le rectorat. Même situation à Bordeaux. Et à Lyon où ils manifestaient cet après-midi. “J'aurais du être payé le 26 septembre et je n'ai toujours rien”, raconte une manifestante. "J'ai du aller réclamer moi même mon contrat et je ne suis toujours pas payé", témoigne un jeune accompagnant.

Pourquoi une telle situation ? En cause notamment, la réforme du statut des accompagnants, selon les rectorats. C’est désormais un seul organisme par département qui emploie les accompagnants directement. “On avait une myriade d'employeurs qui employaient quelques accompagnants, on est passé à un employeur unique pour assurer une plus grande cohésion de la gestion académique des personnels” explique Bruno Dupont, secrétaire général de l'inspection académique du Rhône.

Les rectorats reconnaissent que la situation n’est pas acceptable, ils promettent que des acomptes sur salaires seront versés ces prochains jours. En attendant, les accompagnants devront travailler encore un peu à l’oeil. 

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