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Que risque le magazine "Closer" pour son scoop sur Hollande et Gayet ?

Dans un dossier publié vendredi, le magazine prête au chef de l'Etat une liaison avec Julie Gayet, photos à l'appui.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le magazine "Closer" du 10 janvier 2014 prête une liaison à François Hollande avec l'actrice Julie Gayet.  (REMY DE LA MAUVINIERE / AP / SIPA)

Alors que François Hollande envisage des suites judiciaires au nom de sa vie privée, le magazine Closer va "probablement" retirer l'information sur la relation prêtée au président avec l'actrice Julie Gayet, vendredi 10 janvier dans la soirée. C'est ce que fait savoir Laurence Pieau, directrice de la rédaction du magazine people. Explications. 

Pourquoi "Closer" retire-t-il son article ? 

"L'avocat de Julie Gayet nous a contactés pour nous demander de retirer du site toute mention de cette relation et de veiller aux remontées sur Google", indique Laurence Pieau, précisant que rien n'avait été demandé pour la version papier du magazine.

"Il s'agit simplement de ne pas cumuler les procédures, c'est-à-dire une assignation sur le site internet et une assignation sur le magazine papier", précise-t-elle, tout en assurant "la véracité de l'information divulguée""Nous allons retirer la news (...) car c'est une injonction très nette", poursuit-elle.

Closer n'a, en tout cas, pas reçu de demande de retrait des kiosques du magazine papier de la part de la présidence. "Nous n'avons eu aucun contact avec l'Elysée", affirme Laurence Pieau. "Lorsque Closer avait publié les premières photos de François Hollande avec Valérie Trierweiler, en 2012, François Hollande avait demandé le retrait du magazine papier des kiosques et ne l'avait pas obtenu. Cette fois, l'Elysée ne l'a pas fait." Il faut dire que, selon elle, "obtenir le retrait d'un magazine des kiosques est extrêmement rare, il faut un trouble à l'ordre public".

"Closer" risque-t-il gros ?

Pour Laurence Pieau, "si poursuite il y a, ce sera, pour ce qui concerne [Julie Gayet], pour droit à l'image et atteinte à la vie privée, pas pour diffamation". Mais pas sûr que l'hebdomadaire paie cher son dossier, affirment plusieurs spécialistes interrogés dans les médias. Voici pourquoi : 

Le statut même du président. Pour Basile Ader, avocat au barreau de Paris et spécialiste du droit de la presse interrogé par Europe1.fr, le fait que François Hollande soit président pourrait jouer en faveur du magazine. "C'est une circonstance atténuante", indique-t-il.

Dans Le Figaro, son confrère Christophe Bigot abonde : "François Hollande a droit à la protection de sa vie privée, mais il est un président en exercice, ce qui limite ses droits. Tous les faits de sa vie privée qui influent sur la sphère publique peuvent relever d'une information légitime." Selon l'avocat, même si les photos sont volées, "les risques pris par le président relativisent la faute commise par Closer. Le public a légitimement droit à l'information si un fait de vie privée influe sur l'exercice de la fonction."

Un timing pensé, et quelques précautions. La date de parution pourrait aussi protéger Closer, affirme le paparazzi Jean-Claude Elfassi, interrogé dans Le Figaro. En publiant ces photos en plein scandale Dieudonné, et alors que François Hollande doit faire ses vœux à la presse mardi, "le journal avait un moindre risque d'être interdit de parution". "Cela aurait fait beaucoup", analyse le photographe. 

Enfin, comme le révèle le journaliste Renaud Revel sur son blog Immédias de L'Express, l'hebdomadaire a aussi pris ses précautions pour réduire au maximum les risques. La direction a ainsi choisi d'imprimer une partie de ce numéro sensible en Belgique. Une manière "d'échapper à toute procédure judiciaire possiblement intentée en référé".

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